Le 23 avril 2023
Ce film méconnu de Lizzani est l’un des plus forts sur la prostitution, et une œuvre au carrefour de plusieurs tendances du cinéma italien.
- Réalisateur : Carlo Lizzani
- Acteurs : Annarita Grapputo, Cinzia Mambretti, Cristina Moranzoni, Anna Curti, Daniela Grassini
- Genre : Drame social
- Nationalité : Italien
- Distributeur : Les Films du Camélia
- Durée : 2h03mn
- Titre original : Racket della prostituzione minorile (titre original alternatif)
- Date de sortie : 26 avril 2023
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– Année de production : 1975
– Sortie en version restaurée : 26 avril 2023
Résumé : Des bidonvilles de la périphérie de Milan jusqu’aux beaux quartiers de la ville, six destins de jeunes adolescentes tombées dans l’enfer de la prostitution. Celles-ci appartiennent toutes à un réseau régi par de jeunes malfrats lombards reconvertis en proxénètes. S’interrogeant sur leurs destins, ces femmes essaient, à leur manière, de reprendre le contrôle de leurs vies, quitte à risquer le tout pour le tout...
– CARLO LIZZANI, RÉTROSPECTIVE EN 3 FILMS
Critique : Carlo Lizzani est un réalisateur important du cinéma italien, mais il n’a pas toujours eu la place qu’il mérite dans les histoires du septième art. Ancien assistant de Rossellini et De Santis, il a d’abord été assimilé au néoréalisme, mais La chronique des pauvres amants n’a pas le prestige des premières œuvres de De Sica ou Visconti. Éclipsé par Antonioni ou Pasolini par la suite, il a notamment choisi la veine d’un cinéma politique dans les années 60 et 70, sans rencontrer l’écho de Bertolucci ou Rosi. Et son œuvre, imprégnée des codes du cinéma de genre (du romanesque au polar), reste aujourd’hui moins étudiée que celle de Dario Argento, Mario Bava et autres Duccio Tessari. Inédit dans les salles françaises, Storie di vita e malavita est un jalon majeur de sa filmographie, que le distributeur Les Films du Camélia permet de découvrir en avril 2023, à l’occasion d’une rétrospective du réalisateur en trois films. Les longs métrages sur la prostitution se sont souvent déclinés en plusieurs tendances, de la poésie compassionnelle des Nuits de Cabiria aux descriptions glauques de Sauvage et Noémie dit oui, en passant par la veine fantasmatique de Belle de jour et Jeune & jolie.
- © Les Films du Camélia
Le film de Lizzani est un peu au carrefour de ces démarches, et frappe d’abord par sa structure narrative : ni film à sketch ni œuvre chorale, le métrage fait se succéder le destin de plusieurs jeunes filles vivant à Milan et prises au piège de la prostitution. L’une d’elle a quitté sa Sardaigne natale après la mort de son père et se fait séduire par un bellâtre maquereau appartenant à un réseau, l’autre a vendu volontairement ses charmes pour échapper à l’hypocrisie de parents bourgeois. Ces filles sont soit de condition modeste (enfant d’agriculteurs tombée enceinte à l’âge de quatorze ans, étudiante humiliée par son père, son premier amour et ses employeurs), soit issues de classes favorisées. Toutes finies par être broyées par un système mafieux plus ou moins organisé, où se croisent caïds chevronnés, coiffeuses maquerelles et gynécologues véreux. Lizzani brosse un tableau accablant de l’exploitation sexuelle, à travers une série d’épisodes plus ou moins longs, des personnages récurrents apparaissant tout au long du film, comme cette vieille villageoise qui propose les services d’une enfant de treize ans à des camionneurs.
- © Les Films du Camélia
L’utilisation de flash-back, au cours desquels des adolescentes expliquent leur parcours, donne au récit une troublante dimension, sans rien ôter à la fluidité de l’histoire. Sans être explicatif, Lizzani montre les ravages du chômage en ce début des « Trente piteuses », et la difficulté pour l’Italie du Nord à intégrer les habitants venus du Mezzogiorno. Et la force du film est de réussir la greffe d’une approche néoréaliste sur les conventions du cinéma d’exploitation, comme l’atteste la violence de certaines séquences, surtout à la fin du film, qui frôle le gore. On pourrait objecter que Lizzani et son scénariste Mino Giarda (également coréalisateur) ont une approche opportuniste, dénonçant un fléau social tout en montrant maintes scènes complaisantes de jeunes filles dénudées, lorgnant du coup sur le cinéma érotique d’un Tinto Brass. Mais c’est précisément cette ambiguïté qui renforce le pouvoir de fascination d’un film se situant dans le contexte des années 70 qui étaient aussi celles de toutes les audaces.
– Reprise en version salle en 2023 dans le cadre de la rétrospective Carlo Lizzani en 3 films proposée par les Films du Camélia
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