Le 25 avril 2023
Porté par la performance de Kelly Depeault, le film de Geneviève Albert nous immerge dans l’enfer de la prostitution. Un long métrage réussi.
- Réalisateurs : Denis Larocque - Geneviève Albert
- Acteurs : Kelly Depeault, Jeff Lemay , Denis Larocque, Myriam De Bonville, Anthony Bouchard, James-Edward Métayer, Emi Chicoine, Maxime Gibeault, Joanie Martel
- Genre : Drame, Teen movie, Drame social
- Nationalité : Québécois
- Distributeur : Wayna Pitch
- Durée : 1h56mn
- Âge : Avertissement : des scènes, des propos ou des images peuvent heurter la sensibilité des spectateurs
- Date de sortie : 26 avril 2023
- Festival : Festival du Film Francophone d’Angoulême 2022
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Résumé : Noémie (quinze ans) vit dans un centre jeunesse depuis trois ans. Lorsqu’elle perd tout espoir d’être reprise par sa mère, Noémie fugue en quête de sens et de liberté. Elle va rejoindre son amie Léa, une ancienne du centre, qui l’introduit dans une bande de délinquants. Bientôt, elle y rencontre Zach qui lui propose rapidement d’être escorte le temps d’un week-end.
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Critique : Ne pas se fier au titre, éminemment antiphrastique et amer. Le corps de Noémie ne dit pas oui aux outrages qui lui sont infligés et la font glisser vers l’enfer de la prostitution. Cette adolescente, propulsée par l’énergie du désespoir, fuit d’abord le centre de jeunesse où elle semble condamnée à rester jusqu’à sa majorité, parce que sa mère refuse de la reprendre.
Les premières séquences convoquent formellement une tradition du cinéma naturaliste : la fiction y acquiert une vraisemblance propre au documentaire. La protagoniste, rendue agressive par un quotidien de surveillance et d’injonctions, est filmée au plus près, caméra sur épaule, et il faut bien tout le talent de Kelly Depeault pour être à la hauteur de ce personnage indomptable.
- Kelly Depeault dans Noémie dit oui
- Copyright Lou Scamble/Wayna Pitch
Dès le début, la comédienne impressionne par la variété de son registre, qui oscille entre l’insolence et le désespoir, donnant à voir parfois, dans une continuité dévastatrice, les rapports étroits entre cause et conséquence. Car Noémie dit non est avant tout le drame social d’une enfant esseulée, luttant contre les déterminismes, même si la réalisatrice ne privilégie pas un didactisme commode qui donnerait à son œuvre une dimension morale. Elle suit simplement son héroïne, ne la lâche pas d’une semelle. Comme le précise Geneviève Albert dans sa note d’intention : "on reste collé contre elle, contre ses vacillements, ses furies, son corps frêle, son souffle court. On demeure aux premières loges de tout ce qu’elle traverse et qui la transperce. J’ai ainsi voulu qu’on ne se limite pas à être les témoins lointains de sa chute dans la prostitution, mais qu’on déboule avec elle vers ce destin raté".
Certes, ce dispositif cinématographique n’est pas nouveau et le sentiment de déjà-vu se prolonge dans l’évidence d’un trajet très écrit. Il n’en demeure pas moins que l’itinéraire de cette jeune fille, victime de la prédation masculine, suscite une empathie indéniable, d’autant que le récit configure sa deuxième partie à la manière d’un huis clos : prisonnière de sa chambre d’hôtel, l’escorte enchaîne les passes jusqu’à la nausée. Symboliquement, la caméra ne saisit jamais le corps entier de Noémie et de ses clients dans le même plan, parce qu’il s’agit de préserver par le cadre une personnalité totalement dissociée.
- Kellly Depeault et James-Edward Métayer dans Noémie dit oui
- Copyright Lou Scamble/Wayna Pitch
Si la conclusion évite une tragédie attendue, c’est aussi parce que Noémie dit oui est un récit initiatique où les forces vitales d’une adolescente ne se démentent jamais, quelles que soient les circonstances.
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