Le Dingo - la critique + le test DVD

L’argument : Achille, groom dans le siège d’un grand journal, rêve de devenir journaliste, son ami Gigi, un homme d’affaires, comptant sur son ingéniosité, l’amène à préparer ensemble un grand hold-up, juste pour être le premier à annoncer les nouvelles au quotidien.

Notre avis : Dario Fo, grand auteur et metteur en scène de théâtre, prix Nobel de littérature en 1997, a débuté en tant qu’acteur, en créant des sketchs comiques dans de petits cabarets. Sans doute y a-t-il appris la rigueur du comédien, qu’on retrouve dans ce film très peu connu. Le Dingo, c’est donc lui, corps dégingandé et compatissant, entraîné dans des situations qu’il ne domine pas. Comme tous les grands burlesques, il incarne en effet un personnage inadapté, jeté dans un monde trop fourbe et trop hostile. Les rencontres qu’il fait sont pour la plupart violentes ou mauvaises et, invariablement, il devient victime des autres, par souci de bien faire ou par obéissance. C’est peu dire qu’il est maltraité tout au long du film : trompé, frappé, il se cogne aux gens comme aux objets, rate ce qu’il entreprend et, si le film se termine bien, c’est dans une caricature de happy end hollywoodien, avec sa réussite dégradée … au baby-foot.

(C) Tamasa distribution
Il y avait en Dario Fo le potentiel d’un grand burlesque de cinéma, dont la carrière a avorté à cause de l’échec de ce long-métrage : on pense sans cesse à Keaton, Etaix, Lewis ou Tati dans la confrontation au monde, la logique absurde ou l’ingénuité qui se fracasse sur le réel. Certes, le film n’est pas aussi réussi que les chefs-d’œuvre des précités, et des problèmes de rythme comme de scénario limitent sa force, mais certaines séquences sont admirables : du défilé de chiens à leur maquillage, de l’apparition d’Elena en ombre sur son trapèze (et elle sera effectivement une ombre pour lui) au quiproquo avec le policier, on reste confondu devant les trouvailles dignes des meilleurs. Et quand Dario Fo se fait poursuivre par des chiens de plus en plus nombreux au son d’un piano, on songe évidemment aux Fiancées en folie de Keaton, ce qui n’est pas un mince compliment.
Faute d’audace et peut-être de potentiel commercial, la satire politique et sociale qui sera sa marque de fabrique au théâtre se cantonne dans des détails sans réelle portée. Reste que par la précision du jeu, par l’inventivité de quelques scènes, par le regard porté sur le petit peuple, Le Dingo mérite largement d’être connu et reconnu.

Le DVD

Les suppléments :

Le livret composé par Jean A. Gili, grand connaisseur du cinéma italien, revient sur la carrière du réalisateur et de l’acteur, analyse le film et fait une « revue de presse » d’époque. C’est très intéressant, informé et précis. La galerie d’affiches et les filmographies sont à côté de peu de poids.

L’image :

La copie a souffert : manques de précisions, de nuances, problèmes de luminosité, parasites divers…

Le son :

L’essentiel est préservé, mais la piste Dolby Digital 2.0 en VO sous-titrée présente un son étouffé, saturé par moments.