Le 24 avril 2023
Cette description des jeunesses néofascistes des années 1970 est un sommet du cinéma italien et une œuvre en cohérence avec l’univers de Carlo Lizzani.
- Réalisateur : Carlo Lizzani
- Acteurs : Brigitte Skay, Daniele Asti, Giuliano Cesareo, Pietro Brambilla, Pietro Giannuso
- Genre : Drame, Historique, Politique, Policier
- Nationalité : Italien
- Distributeur : Les Films du Camélia
- Editeur vidéo : Le Chat qui fume, Select (éditeur VHS)
- Durée : 1h41mn
- Reprise: 26 avril 2023
- Titre original : San Babila ore venti: un delitto inutile
- Âge : Interdit aux moins de 12 ans avec avertissement
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– Année de production : 1976
– Reprise en version restaurée : 26 avril 2023
Résumé : 1975 : les années de plomb. À Milan, la place San Babila est devenue le territoire de jeunes néofascistes qui tuent leur ennui et leur dégoût de la société en se livrant à de nombreux méfaits. Michele, Franco, Fabrizio et Alfredo font régner leur loi, importunant les passants, s’empoignant avec les gauchistes de passage, draguant les filles. Lors d’une journée classique, ce petit groupe d’amis va provoquer une série de drames croissant dans la violence, jusqu’au crime inutile.
– CARLO LIZZANI, RÉTROSPECTIVE EN 3 FILMS
Critique : Tourné après Storia di vita e malavita, San Babila : un crime inutile avait pu bénéficier d’une sortie limitée sur le territoire français, sous le titre Tuer pour tuer. Il comporte des similitudes avec le précédent : mélange de néoréalisme et de cinéma de genre, absence de stars, musique percutante d’Ennio Morricone, volonté d’ancrage sur des faits de société. Lizzani et ses coscénaristes Mino Giarda et Ugo Pirro sont partis d’un événement précis : l’assassinat d’un jeune homme par cinq néofascistes, près de la place San Babila de Milan, en 1975. Le film s’inscrit aussi dans le contexte de la situation politique de l’Italie, minée par les années de plomb, et ravivée par le souvenir des extrémismes, Lizzani, membre du Parti communiste (tendance humaniste), s’est d’ailleurs toujours penché sur le thème du fascisme, de La chronique des pauvres amants au Procès de Vérone.
- San Babila : un crime inutile (1976)
- © Les Films du Camélia
D’autres cinéastes italiens en feront de même en ces années 70 très politiques, tels Bertolucci avec Le conformiste et 1900 ou Pasolini pour Salò ou les 120 journées de Sodome. Le portrait des jeunes néofascistes brossé dans le présent long métrage se rapproche aussi, toute proportion gardée, de celui d’Alex et sa bande dans Orange mécanique de Kubrick. tourné cinq ans plus tôt. Franco, Michele, Fabrizio et Alfredo se rendent en début de journée à l’enterrement d’un vieux fasciste, détériorent des cyclomoteurs à l’entrée d’un lycée, avant de se retrouver à plusieurs instants de la journée. Entre-temps, sont montrées les relations difficiles avec des parents bourgeois étriqués, ou leur insertion difficile dans la vie professionnelle. Après avoir harcelé et agressé une fille simple d’esprit (Brigitte Skay, seule actrice professionnelle du casting) qui pourtant continuera à le suivre ponctuellement, l’un d’entre eux est chargé de placer des explosifs dans un local syndical…
- © Les Films du Camélia
On est loin du simple mode de vie oisif et du comportement potache des Vitelloni de Fellini puisqu’une haine viscérale de la société imprègne ici ces jeunes gens, à la recherche d’un nouvel ordre social totalitaire. Arborant des signes d’appartenance vestimentaire (blouson de cuir, médaillon, bottines, lunettes noires), ils sèment le trouble et pourtant laissent indifférente la police locale, qui n’intervient pas lors d’échauffourées avec les étudiants, les ramenant à la raison seulement lorsqu’ils commettent des attentats à la pudeur devant les passants… Le style de Lizzani est fascinant, et le réalisateur s’approprie à merveille les rues de Milan, dont les habitants sont parfois filmés en caméra cachée. Et si San Babila : un crime inutile peut aussi être classé dans le sous-genre de l’« instant-movie », Lizzani ne saurait être associé au racolage d’un certain cinéma d’exploitation : sa démarche sincère et rigoureuse et sa mise en scène magistrale sont celles des plus grands.
– Reprise en version salle en 2023 dans le cadre de la rétrospective Carlo Lizzani en 3 films proposée par les Films du Camélia
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