Le 17 février 2020
À partir de Le Cheik blanc (1952), Fellini entame une collaboration avec les scénaristes Tullio Pinelli et Ennio Flaiano, qui durera jusqu’à Juliette des esprits (1965). Toutefois la réussite de leur coopération est consacrée déjà en 1953, lorsque Les Vitelloni reçoit le Lion d’argent à la Mostra de Venise.


- Réalisateur : Federico Fellini
- Acteurs : Alberto Sordi, Jean Brochard, Franco Fabrizi, Franco Interlenghi, Leonora Ruffo, Leopoldo Trieste, Lída Baarová
- Genre : Noir et blanc
- Nationalité : Italien
- Distributeur : Tamasa Distribution
- Durée : 1h48mn
- Date télé : 21 mars 2025 23:53
- Chaîne : Ciné+ Classic
- Reprise: 4 mars 2020
- Titre original : I Vitelloni
- Date de sortie : 2 septembre 1953
- Festival : Festival de Venise 1953

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Résumé : Dans une petite ville balnéaire animée seulement par le carnaval et la période des vacances, cinq jeunes gens mènent une vie de désœuvrés, d’inutiles, qui leur vaut d’être appelés "Vitteloni" ("les grands veaux").
Critique : Le titre du film est inspiré d’une définition d’argot désormais obsolète. Celle-ci fait référence à de jeunes oisifs, sans travail ni ambition, qui se promènent sur les places de la ville, tout le long de l’après-midi. Le chômage causé par la dépression de l’après-guerre ayant élargi le phénomène des vitelloni à l’échelle nationale, Fellini déroule son récit dans une ville non identifiée, mais qui clairement fait référence tantôt à Rimini (ville natale du réalisateur), tantôt à Ostia (ville du littoral, près de Rome).
Les protagonistes sont cinq jeunes qui passent leurs journées à flâner, à regarder les filles du village, à se moquer de ceux qui ont un travail. Ils sont le symbole d’une jeunesse qui, traumatisée par la guerre, ne veut pas entrer dans la vie adulte, de peur de vivre d’autres brûlantes déceptions, et refuse ainsi d’assumer le poids des responsabilités.
Chaque personnage incarne un aspect de la médiocrité provinciale (l’intellectuel, le séducteur, le garçon précoce, l’éternel enfant et le moqueur). Hormis le personnage de Moraldo (alter ego de Fellini), qui finit par s’éloigner de sa ville de province, à la recherche d’un avenir meilleur, tous les personnages sont incapables d’assumer de quelconques devoirs dans leur vie privée, publique ou professionnelle. C’est le cas notamment de Fausto (Franco Fabrizi), le séducteur qui, bien que contraint à un mariage réparateur, continue de privilégier sa conduite irresponsable.
Comme souvent chez Fellini (du moins jusqu’à La dolce vita), on retrouve une tension entre le style néoréaliste propre au cinéma italien de l’après-guerre et des nouvelles influences venant d’autres territoires stylistiques, pas forcément cinématographiques d’ailleurs. Dans Les vitelloni, le néoréalisme de la reconstruction est remplacé par une ambiance à la fois narrative et esthétique nettement crépusculaire, de matrice existentialiste. Les vitelloni de la province italienne font pendant aux angry young men britanniques et aux rebels without a cause de Nicholas Ray ; avec ce chef-d’œuvre, Fellini offre au cinéma un portrait à la fois acide et ému du spleen de la périphérie urbaine.