Les grandes reprises
Le 20 juin 2024
Casanova, Fellini : une rencontre, un chef-d’œuvre.
- Réalisateur : Federico Fellini
- Acteurs : Donald Sutherland, Margareth Clémenti, Olimpia Carlisi, Tina Aumont, Mary Marquet
- Genre : Drame, Biopic, Érotique
- Nationalité : Italien
- Distributeur : Carlotta Films
- Editeur vidéo : Carlotta Films
- Durée : 2h30mn
- Reprise: 11 décembre 2019
- Titre original : Il Casanova di Federico Fellini
- Date de sortie : 2 mars 1977
Résumé : La vie de Giacomo Casanova, librement adaptée de ses mémoires.
Critique : Au moment du tournage, les gazettes ont beaucoup glosé sur la relation houleuse entre Fellini et Sutherland, le maestro pratiquant sans vergogne la torture mentale pour faire du comédien américain sa chose, son Casanova, "questo stronzo", ce con, comme il disait. On compatit, évidemment : on comprend que pour Sutherland ce soit le pire souvenir de sa carrière, mais il faut reconnaître que la méthode avait du bon. Et que ce Casanova-là, qui était celui que Fellini voulait, Sutherland l’a été, superbement, même s’il l’a été à son corps défendant. Un con pathétique, une mécanique humaine, au milieu du lustre et des fastes d’un XVIIIe siècle au brillant mortifère.
Pour ce film qu’il considérait comme son plus abouti, Fellini a bénéficié de moyens peu communs : Venise reconstituée dans les studios de Cinecittà, une Venise qui n’a rien de réaliste, sublime dans sa pourriture, et qui transpire la mort par tous les pores.Magnifique réinvention - et non reconstitution comme dans Casanova, un adolescent à Venise de Comencini (1969) - qui prouve, une fois de plus, s’il était nécessaire, quel grand artiste était Fellini, capable de créer, de film en film, un monde personnel, inoubliable dans son exagération, sa boursouflure.
Boursouflé aussi, son Casanova, englouti dans sa prétention et ses fausses valeurs, pris au piège de son système dans lequel seule compte l’apparence. Un homme qui, sous couvert de séduction, ne fait que répéter comme un robot des phrases creuses et des gigotements convulsifs. Tout au long du film, la même scène se rejoue, Casanova conquiert femme après femme, n’importe quelles femmes, souillon ou marquise, peu importe : elles ne sont que prétextes à son jeu narcissique ; en fait, il les méprise. Casanova est incapable d’aimer ; il n’aime que lui-même. Au fil de sa quête obsessionnelle, le pantin se délite, se désagrège, jusqu’à devenir ce fantôme avarié, à l’image de la ville alentours. Cet homme ne naîtra jamais à lui-même, comme l’explique si bien Fellini : "Casanova enfermé dans le sac amniotique d’une mère prison, mer-Méditerranée-lagune-Venise, et d’une naissance continuellement remise, jamais advenue." [1]
Plus que tout autre film de Fellini, son Casanova provoque le malaise en nous faisant patauger dans le vide d’une vie puant le moisi et d’une époque visqueuse à donner la nausée, un théâtre hyperbolique qui nous renvoie par effet de boomerang directement à notre époque. Peut-être son plus grand film.
[1] Fellini par Fellini, entretiens avec Giovanni Grazzini, Calmann-Lévy, 1984
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gage 30 novembre 2004
Casanova - Federico Fellini - critique
ce n’est pas le plus grand film de fellini plutot un des meilleurs derrière la dolce vita, la cité des femmes, tobby dammit magnifique ou même la strada
Frédéric Mignard 5 août 2009
Casanova - Federico Fellini - critique
Grandeur et décadence. Les décors sont sublimes et l’ambiance morbide envoutante. Un grand Fellini.