Le 14 septembre 2024
Fellini réussit une sublime comédie à l’italienne aux contours dramatiques et grotesques. L’un des premiers grands rôles d’Alberto Sordi.
- Réalisateur : Federico Fellini
- Acteurs : Alberto Sordi, Arnoldo Foà, Ricardo Montalban, Giuletta Masina, Samia Gamal, Franca Bettoia, Anna Maria Ferrero, Leopoldo Trieste, Mariangela Giordano, Brunella Bovo, Ernesto Almirante
- Genre : Comédie dramatique, Noir et blanc
- Nationalité : Italien
- Distributeur : Tamasa Distribution
- Durée : 1h25mn
- Date télé : 26 avril 2024 21:00
- Chaîne : OCS Géants
- Reprise: 19 février 2020
- Titre original : Lo sceicco bianco
- Date de sortie : 7 octobre 1955
- Festival : Festival de Venise 1952
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– Année de production : 1952
Résumé : Une jeune mariée profite de son voyage de noce à Rome, où vit la famille de son mari, pour rencontrer son idole le Cheik blanc, héros du roman-photo qu’elle lit assidûment.
Critique : Le Cheik blanc est le premier film de Federico Fellini après sa collaboration deux ans plus tôt avec Alberto Lattuada (Les feux du music-hall). En 1952, le véritable test derrière la caméra est donc arrivé pour le réalisateur de Rimini. L’histoire se déroule à Rome pendant un week-end à la fin de l’été. Ivan et Wanda sont deux jeunes mariés en lune de miel. Wanda est une fille un peu en repli sur soi, pas très heureuse à la perspective de passer sa vie avec un homme au tempérament autoritaire et distant. Elle a une immense passion pour les romans-photos, au point que, peu après être arrivée à Rome, en profitant de la sieste de son mari, elle quitte la chambre d’hôtel afin de s’aventurer à la recherche des studios ou l’on tourne son roman préféré. Elle parvient ainsi à connaître le Cheik Blanc et même à le fréquenter brièvement, avant de se rendre compte que sous le masque du héros il n’y a qu’un médiocre acteur de bourgade, profitant de son personnage pour tromper son épouse en séduisant les admiratrices. Les jeunes mariés finiront par se retrouver, sans vraiment régler leurs comptes, et Wanda, en pleine désillusion, se rendra compte que "La vraie vie est celle du rêve, mais parfois le rêve peut cacher un abîme fatal".
Fellini réussit en beauté ses débuts derrière la caméra, avec une sublime comédie à l’italienne aux contours dramatiques et grotesques. Le film expose, avec une précocité étonnante, des thématiques modernes, peu traitées par le médium cinématographique. Aussi, Fellini montre au spectateur le superficiel dans les coulisses du show-business aussi bien que la médiocrité morale des acteurs du milieu. Une critique sévère, surtout dans l’Italie d’après-guerre, séduite par la culture populaire américaine. En parallèle, les codes de la comédie à l’italienne permettent au réalisateur de lancer, à travers les péripéties d’Ivan, une critique voilée contre la médiocrité de la bourgeoisie provinciale et son matérialisme stérile. Rêve et réalité se poursuivent ainsi au fil de l’intrigue, dans un triangle amoureux cocasse, mais qui laisse un goût amer en bouche. Peu apprécié lors de sa sortie mais réévalué après le succès des Vitelloni, ce petit chef-d’œuvre suggère l’importance de vivre la réalité quotidienne comme si c’était un rêve, avec la conscience que ce n’en est pas un.
Il faut enfin mentionner la performance hors du commun d’Alberto Sordi, qui tel un Douglas Fairbanks à l’italienne, crève l’écran et constitue l’ingrédient secret de l’ambiance onirique des séquences aux studios de tournage.
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