Le 12 août 2021
Une bourgeoise d’âge moyen, qui s’ennuie dans sa grande maison, attend fébrilement son mari, pour fêter leur anniversaire de mariage. Premier film en couleur de Federico Fellini, qui amorce un virage important dans son parcours exceptionnel.


- Réalisateur : Federico Fellini
- Acteurs : Sandra Milo, Valentina Cortese, Giuletta Masina, Mario Pisu, Sylva Koscina, Caterina Boratto, Silvana Jachino, Valeska Gert, Milena Vukotic, José Luis de Vilallonga, Georgio Ardisson
- Genre : Comédie
- Nationalité : Italien
- Distributeur : Carlotta Films
- Editeur vidéo : Carlotta Films
- Durée : 2h17mn
- Date télé : 12 août 2021 20:50
- Chaîne : Ciné+ Classic
- Reprise: 8 février 2004
- Titre original : Giulietta degli spirti
- Date de sortie : 22 octobre 1965
- Festival : Festival de Cannes 1965

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Résumé : Giulietta, bourgeoise de la banlieue romaine, entourée de deux domestiques, hésite entre entre deux perruques pour finalement n’en mettre aucune. Elle attend, avec une certaine fébrilité, le retour du bureau de son mari, pour fêter leur anniversaire de mariage. Celui-ci arrive, fait semblant de ne plus se souvenir, pour finalement s’effacer devant plusieurs de leurs amis exagérément joyeux.
Critique : Federico Fellini commence ce long métrage en 1965, tout auréolé de deux succès internationaux qui resteront ses films emblématiques : La dolce vita (1960), suivi de Huit et demi ("Otto et mezzo" 1963). Il "retrouve", pour l’occasion et pour la sixième fois, son épouse Giulietta Masina. Leur dernier travail en commun, qui datait de 1957, était Les nuits de Cabiria où il lui offrait un rôle magnifique. Ils tourneront une dernière fois ensemble en 1985 avec Ginger et Fred, dans lequel elle sera Ginger (Rogers) et Marcello Mastroianni Fred (Astaire).
C’est le premier essai du maestro dans ce qui sera constituera une marque de fabrique : la déstructuration du récit. Pour donner du sens à sa vie morose, Giulietta, bourgeoise oisive et délaissée par son mari, magnifie les événements dont elle est le témoin (surtout passif), qui se déroulent en un clin d’œil, tantôt joyeux, tantôt inquiétants, et elle en invente d’autres à travers ses rêves.
Dans son quotidien, les enfants, les domestiques, les ami(e)s s’agitent, gesticulent, commencent tout et ne finissent rien, hormis son mari qui reste calme en toute circonstance et s’avère d’une prudence exemplaire : ne dort-il pas avec un masque de nuit et des bouchons d’oreille ! N’est-il pas si posé, pour mieux cacher ses infidélités ?
Giulietta fera l’expérience d’une rencontre avec un voyant, de deux visites hallucinées chez sa voisine (Sandra Milo), et d’un rendez-vous bizarre dans un cabinet de détective.
Si la réflexion de l’œuvre porte sur l’aliénation de la femme moderne, il est surtout l’occasion pour Fellini de développer toute une fantasmagorie, tenant autant du cirque que du cauchemar, faite de vieillards, de nains, de femmes plantureuses, de machines infernales, l’ensemble s’avérant bruyant et vertigineux.
Cette première tentative n’est peut-être pas une réussite totale, sans doute parce qu’elle hésite encore entre le réalisme et une nouvelle forme de narration, mais elle prouve une nouvelle fois le talent original et exceptionnel du metteur en scène.
Pour la première fois, Fellini utilise la couleur de façon magistrale. Avec son chef opérateur de Huit et demi, Gianni Di Venanzo, il organise un feu d’artifice qui insiste sur des couleurs flamboyantes, telles les rouges des tenues de Giulietta Masina, l’intérieur multicolore de la maison de Sandra Milo, et plus généralement toutes les scènes rêvées.
À regarder l’ensemble de sa carrière, on peut aujourd’hui constater que ce film qui "se cherche" constitue une transition entre deux époques, entre deux styles du cinéaste.
En observant Mario Pisu qui joue le mari, on ne peut que penser au Marcello Mastroianni des deux précédents films de Fellini : même silhouette, même costume et mêmes cheveux grisonnants.