Someday we will foresee obstacles

Après avoir été le premier vainqueur du concours CQFD des Inrockuptibles, Jonathan Morali alias Syd Matters a rapidement confirmé sur les scènes françaises tout d’abord, puis avec un album à l’assurance surprenante, le délicat A whisper and a sigh. Aujourd’hui, Someday we will foresee obstacles confirme largement le talent du jeune homme, qui a finalement choisi de laisser plus libre cours à ses penchants folk acoustiques, quitte à déshabiller sa musique de quelques atours pop.

Mais ce choix se révèle à l’arrivée judicieux : la voix chaude et assurée de Jonathan se marie parfaitement avec ces tons boisés, et s’inscrit dans une tradition qu’il ne renie pas, rappelant ses obsessions anglo-saxonnes sur deux morceaux importants du disque : To all of you et son hommage aux actrices américaines, et English way, où le chanteur prend un malin plaisir à répondre aux éternels détracteurs de tous bords qui militent pour que "le chanteur français chante en français, crénom d’une mule !" Il ouvre la chanson avec cette phrase que l’on imagine évidemment autobiographique : "If it’s too hard to say, then sing it in an English way".

Le disque a également le mérite de ne pas sombrer dans le misérabilisme qui est souvent l’apanage de la folk music d’aujourd’hui. Certes, Syd Matters nous fait partager ses doutes (Watcher, Lost bird), mais il sait aussi reconnaître son enfance privilégiée et en faire une chanson bouleversante avec I care et cette phrase en exergue : "I had a dad when I was down, when I was sad I had a mum".

Pour tout cela et pour son caractère persistant par-dessus tout, Someday we will foresee obstacles est aussi indispensable à votre discothèque folk/pop que les disques de Sparklehorse, (Smog) ou Grandaddy. N’utilisez donc pas le prétexte fallacieux de la nationalité du Syd pour passer à côté.