A whisper and a sigh

Il est pourtant de bonne guerre de se méfier lorsque l’on reçoit un premier album d’un tout jeune auteur-compositeur français que le dossier de presse rapproche sans ménagement de Robert Wyatt, Nick Drake ou Grandaddy. Rien de moins. Et il est d’autant plus surprenant et réjouissant de constater que A Whisper And A Sigh supporte plutôt bien la comparaison.

Certes, il s’agit là d’un premier album, mais la maturité dont font preuve à la fois la voix (qui rappelle parfois Mark "Eels" Everett) et les compositions de Syd Matters force l’admiration. OK, Jonathan n’écrit pas dans sa langue maternelle, mais ses textes aux images séduisantes et aux collisions surprenantes accrochent. C’est un fait, ses chansons n’ont pas la puissance sonique de celles de Grandaddy, mais elles proposent une palette de saveurs toutes personnelles et intemporelles, où le romantisme d’un troubadour moderne rencontre les excentricités de la pop seventies et les structures aventureuses de l’ère électronique. Autre gage de qualité : bâti autour d’une solide épine dorsale (Black & White Eyes, Bones, et End & Start Again), le disque tient la distance de ses onze titres haut la main, grâce à une variété peu commune dans les arrangements et les structures, et à une unité dans le ton et l’atmosphère.

Profondément de son temps et intemporel à la fois, A Whisper And A Sigh mérite donc d’être traité avec les égards dus à sa richesse mélodique et à son charme contagieux, c’est-à-dire comme un prétendant sérieux au top 10 des meilleurs albums de l’année. Rien de moins.