Le 11 janvier 2018
- Festival : Festival Angoulême 2018
Le festival de la bande dessinée d’Angoulême a rendu public la liste des 10 albums encore en lice pour le Fauve d’Or du meilleur album. Malgré des thèmes récurrents, la sélection témoigne de la recherche d’un équilibre.
10 albums sont encore en liste pour le Fauve d’Or 2018 du meilleur album.
Les sélections angoumoisines font toujours l’objet d’un intérêt particulier de l’étroit milieu des professionnels, critiques et amateurs de bande dessinée. La sélection officielle distingue 45 titres éligibles aux différents prix décernés par le festival, à savoir le Fauve d’or (ou Prix du meilleur album) et trois Fauves d’Angoulême, qui regroupent le prix spécial du jury, qui met en évidence un ouvrage sur lequel le jury souhaite attirer l’attention du public, le prix de la série, qui récompense une œuvre s’étirant sur au moins trois volumes, et le prix révélation, chargé de distinguer un auteur en début de carrière. Cette sélection a déjà été longuement commentée, entre une recherche d’ouverture - notamment vers le manga et le comics grand public - et la prédominance de certains thèmes, à l’instar de la bande dessinée dite "du réel" malgré une volonté évidente de faire apparaître une certaine diversité. C’est parmi cette sélection officielle que le jury a opéré un choix de 10 titres pour déterminer quel sera le lauréat du Fauve d’or, les 35 autres restant candidats pour les trois Fauves d’Angoulême.
La liste ci-dessous regroupe la liste restreinte des 10 titres candidats au Fauve d’or :
- Alors que j’essayais d’être quelqu’un de bien, Ulli Lust, éditions Ça et Là
- Ces jours qui disparaissent, Timothé Le Boucher, éditions Glénat
- Dans la Combi de Thomas Pesquet, Marion Montaigne, éditions Dargaud
- Emma G. Wildford, Zidrou & Edith, éditions Soleil
- Hip Hop Family Tree - tome 3 , Ed Piskor, éditions Papa Guédé
- L’Inconnu, Anna Sommer, éditions Les Cahiers dessinés
- Istrati !, Golo, éditions Actes Sud BD
- Happy Fucking Birthday - Megg, Mogg & Owl, Simon Hanselmann, éditions Misma
- La Saga de Grimr, Jérémie Moreau, éditions Delcourt
- La Terre des fils, Gipi, éditions Futuropolis
Premier constat, loin d’être anecdotique quand on se souvient des polémiques enclenchées par les noms proposés pour le Grand Prix en 2016 : la présence d’autrices dans la sélection, avec Marion Montaigne, Édith, Anna Sommer et Ulli Lust. Cette présence est corrélée à la progressive féminisation de la profession - au moins dans l’espace francophone -, déjà repérée par la dernière enquête des États généraux de la bande dessinée, puisque 27% de femmes avaient répondu au questionnaire en 2016. Reste la question de leur représentation dans les différents prix et sélections alors qu’en 44 éditions, seules Annie Goetzinger (1976), Édith (1993, toujours elle) et Marjane Satrapi (2005) ont été couronnées. C’est d’ailleurs pour rendre les œuvres de femmes plus visibles que le prix Artémisia, qui vient de dévoiler ses lauréates, a été créé. La présence de quatre femmes est en fin de compte un message plutôt positif envoyé par l’organisation.
La sélection cherche également un équilibre entre grands groupes (Dargaud, Glénat, Soleil, Delcourt, Gallimard représenté à travers Futuropolis) et éditeurs indépendants (Ça et Là, Misma, Les Cahiers dessinés). On note également la présence d’éditeurs qui ne sont pas forcément spécialisés dans la bande dessinée, à l’instar de Papa Guédé et Acte Sud (dont l’ex-directrice est Françoise Nyssen, fille du fondateur et actuellement ministre de la Culture), déjà récompensé l’année dernière grâce à Paysage après la bataille mais une nouvelle fois présent. Actes Sud, déjà lauréat du prix Goncourt cette année en littérature.
L’ouverture à l’international se poursuit avec la présence d’auteurs anglophones (l’américain Ed Piskor, l’australien Simon Hanselmann), germanophone (Ulli Lust) ou italophone (Gipi) entre cinq auteurs français et la suissesse Anna Sommer. Issus de la scène alternative, ces auteurs étrangers ont été repérés par des maisons indépendantes (Misma, Ça et Là) qui témoignent là de leur savoir-faire. La sélection officielle avait déjà déjà montré une recherche de diversité avec la présence de mangas généralistes, édités notamment chez Le Lézard noir (La Cantine de minuit et l’excellent Tokyo Aliens Bros), mais aussi de comics mainstream, comme Black Hammer de Jeff Lemire (Urban Comics).
Enfin, la bande dessinée du réel est toujours bien représentée, que ce soit à travers des récits (auto)biographiques (Alors que j’essayais d’être quelqu’un de bien, Istrati, le reportage (Dans la Combi de Thomas Pesquet) ou le récit à vocation documentaire (Hip Hop Family Tree, qui traite du développement de la culture hip-hop dans les États-Unis des années 70/80). Les autres albums alternent récit historique (La Saga de Grimr ou Emma G. Wildford) ou post-apocalyptique (La Terre des fils), humour noir et parfois déjanté (Happy Fucking Birthday - Megg, Mogg & Owl) ou encore récit intimiste (L’Inconnu).
On nous permettra seulement de regretter la disparition de titres ambitieux comme Epiphania de Ludovic Debeurme (Casterman), Crépuscule de Jérémy Perrodeau (Éditions 2024) ou l’introspection sans concession d’Olivier Josso Hamel dans le deuxième tome de Au travail ! (L’Association).
Le jury décernera ses prix le samedi 27 janvier.
Galerie photos
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