Électro-prose
Le 22 avril 2005
La figure emblématique du slam à nouveau d’attaque avec un second album nourri d’électro crue, de hip-hop et de punk-rock.
- Artiste : Williams, Saul
L'a écouté
Veut l'écouter
Après le hip-hop vendu au rock de son premier essai Amethist rock star, le trublion de la scène slam change de champ de bataille : plus électro, ce convaincant second album rappelle les fulgurances de ses camarades britons, de Dizzee Rascal à M.I.A., l’engagement politique en plus.
Plus connu pour ses travaux de poète moderne (il est l’auteur de trois recueils) et en particulier pour sa prestation dans le film Slam, l’Américain Saul Williams, après avoir largement contribué à développer la culture slam dans le monde, s’essaye avec conviction à la musique, et c’est en 2001 que paraît son premier album. Produit par le légendaire Rick Rubin, Amethist rock star fait la part belle aux guitares hurlantes, et tente de retracer en diagonales l’histoire de la culture afro-américaine au sein du rock. Totalement immergé dans ses textes, l’hypnotique Saul Williams semble laisser toute latitude à Rubin pour gérer la part musicale du disque. Résultat : une désagréable impression d’inadéquation entre les discours tranchants de l’un et les guitares calibrées de l’autre.
Cela n’arrivera pas sur Saul Williams, qui fait figure de nouveau départ. Comme Coded language, le single drum’n’bass enregistré avec DJ Krust en 1999, le laissait présager, la puissance du rappeur-poète s’adapte particulièrement bien à l’électro crue et dépouillée de la scène hip-hop britannique. Ainsi ce second album enregistré avec beaucoup moins de moyens gagne-t-il en cohésion et en hargne. L’urgence de Talk to strangers et son piano solennel, les inquiétantes boucles de Act III scene 2 (titre qui accueille l’organe éraillé de Zach de la Rocha) et toutes ces rythmiques taillées à même le synthé ou la boîte à rythmes, soulignent la gravité des textes de Williams. Et lorsque la musique se fait plus docile (l’excellent Black Stacey swingue curieusement comme s’il était chanté par André 3000 d’Outkast), c’est pour mieux souligner l’ironie d’un monde en faux-semblants, où le politiquement correct a remplacé le bon sens et l’humanisme.
Pour qui lit l’anglais, Saul Williams doit également s’écouter paroles sur les genoux, comme un véritable quatrième recueil de textes bruts, racés et parfois magnifiques (Talk to strangers, Seaweed), qui méritent que l’on s’y attarde dans toute leur longueur. Au prix, parfois, d’un effort non négligeable, certes.
Saul Williams, Saul Williams (Wichita/V2)
En concert le 27 avril à Paris (Elysée Montmartre) avec Mike Ladd
Tracklisting :
1 Talk to strangers
2 Grippo
3 Telegram
4 Act III scene 2 (Shakespeare)
5 List of demands (reparations)
6 African student movement
7 Black Stacey
8 PG
9 Surrender (a second to think)
10 Control freak
11 Seaweed
12 Notice of eviction
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.