Le 20 novembre 2015
- Editeur vidéo : Le Chat qui fume
- Plus d'informations : Le Chat qui Fume
Éditeur indépendant au catalogue aussi varié que surprenant, Le Chat qui Fume a récemment montré qu’il pouvait aussi bien faire, sinon mieux, que les meilleurs éditeurs du moment. Rencontre avec Stéphane Bouyer, passionné de cinéma de genre et co-fondateur du Chat.
Éditeur indépendant au catalogue aussi varié que surprenant, Le Chat qui Fume a récemment montré qu’il pouvait aussi bien faire, sinon mieux, que les plus gros éditeurs du moment. Rencontre avec Stéphane Bouyer, passionné de cinéma de genre et co-fondateur du Chat.
AvoirAlire : Dans quelles circonstances est né Le Chat qui Fume ? Et d’ailleurs pourquoi un tel nom ?
Stéphane Bouyer : L’idée nous est venue pendant une soirée, avec Heathcliff le Tourneur Hugon, que j’ai connu sur le forum DevilDead. On s’est simplement dit : "pourquoi on monterait pas une boîte d’édition ?", et c’est parti comme ça ! On n’avait vraiment aucune expérience dans le domaine, on s’est débrouillé comme on a pu, en demandant notamment des conseils à Olivier Scamps, le patron de Neo Publishing, et voilà ! Pour le nom, je préfère ne pas lever le secret, mais ça montre qu’on peut ne pas se prendre au sérieux tout le temps ! Philippe Blanc nous a rejoint par la suite et grâce à lui on a pu concrétiser l’édition du Venin de la peur.
En visionnant votre catalogue, on est vraiment surpris par la diversité des films proposés, quels sont vos genres de prédilection ?
Il n’y en a pas vraiment, même si en ce moment on est pas mal sur le bis italien, on n’a pas de ligne éditoriale spécifique, on tape aussi bien dans l’exploitation américaine que le documentaire ou l’érotique, on a même édité des films de Jean-Marie Pallardy ! C’est bien d’avoir des fans habitués à ce qu’on sorte une certaine catégorie de films, mais c’est encore mieux d’avoir de nouveaux fans. Il faut arriver à équilibrer les sorties pour les habitués et ceux qui aimeraient découvrir autre chose.
- © Le Chat qui Fume
Quels sont vos futures parutions ?
Notre prochains titres sont des gialli et un film d’horreur italien donc, tous les trois en DVD : Journée noire pour un bélier, un giallo avec Franco Nero, très carré et classique, très réussi, L’affaire de la fille au pyjama jaune, qui est plus un drame (les deux gialli sortiront le 19 janvier) et L’antéchrist, un des meilleurs dérivés de L’exorciste, pour le premier trimestre 2016. On prévoit de sortir une dizaine de DVD et quatre Blu-Ray du même style que Le venin de la peur en juin et en octobre 2016. On propose chaque fois des bonus inédits que nous tournons nous-mêmes en majorité, et on essaye de trouver le meilleur master disponible, ce qui n’est pas facile. On essaye de sortir de plus en plus d’éditions HD, mais pour un petit éditeur comme nous, c’est risqué, ça se joue chaque fois à quelques exemplaires vendus.
Journée noire pour un bélier
L’état des éditeurs français est assez préoccupant depuis plusieurs années, tout comme le cinéma français et plus particulièrement du cinéma de genre. Comment vous tenez le coup ?
Difficilement ! On fait vraiment ça par passion, c’est essentiel. Heureusement que le CNC est là pour nous donner un coup de main parce que sinon il n’y aurait plus d’éditeurs en France, et même plus de cinéma français tout court ! En période de crise, les gens font plus attention à ce qu’ils achètent, on tient à choyer nos fans en faisant de belles éditions, en privilégiant la qualité à la quantité.
On fait en fonction de leurs préférences mais il nous arrive parfois de les surprendre. Personnellement j’aimerais beaucoup sortir Milan Calibre 9 ou Roma Violenta, mais malheureusement le poliziottescho ne se vend pas beaucoup en France. Enfin, on verra. Le cinéma de genre en général est soutenu par 500 à 2 000 cinéphiles français, pas plus. C’est un petit groupe, mais ce sont des gens passionnés.
Ce qui manque en France, c’est l’engagement des réalisateurs pour préserver le patrimoine cinématographique ou même s’impliquer dans la ressortie de leurs films en DVD/Blu-Ray, comme le font Martin Scorsese, Bertrand Tavernier, Christophe Gans avec HK ou encore William Lustig avec Blue Underground. Aujourd’hui, on est une poignée d’éditeurs indépendants qui fonctionnent avec un groupe réduit, on a tous environ 35-45 ans chez Le Chat, Artus ou The Ecstasy of Films. J’espère qu’on tiendra encore quelques années, mais qui y aura-t-il pour prendre la relève ?
- © Le Chat qui Fume
Effectivement, on constate que d’autres pays, comme les États-Unis, l’Angleterre ou l’Allemagne ont une culture plus étendue du cinéma de genre, autant dans les manifestations que dans les sorties DVD/Blu-Ray. Comment se fait-il qu’en France cette culture ne soit pas aussi présente ?
En Allemagne ou en Angleterre, les films sont sortis pendant des années en version censurée. Du coup, pour se procurer la version non-censurée, les gens devaient se déplacer dans des boutiques spécialisées. Il y a une vraie culture de la recherche dans ces pays. C’est un peu Indiana Jones qui part à la recherche de la VHS perdue ! Et ces boutiques construisent autour d’elles une petite communauté d’habitués.
En France, cette volonté d’aller chercher une édition non-censurée, de braver l’interdit, est beaucoup moins présente étant donné que les films ne sont plus censurés, on a tout à portée de main. Heureusement, depuis quelques années, la communauté s’élargit, et il y a de plus en plus de manifestations et d’événements qui valent vraiment le coup, que ce soit Les absurdes séances, les soirées bis de la Cinémathèque Française, le Bloody Week-End d’Audincourt, le PIFFF, etc.
Revenons sur votre collector du Venin de la peur qui est quand même une des éditions de l’année 2015. C’est bien de voir, comme pour Torso de The Ecstasy of Films, que des éditeurs indépendants arrivent à sortir des éditions aussi solides que les éditeurs les plus prestigieux.
On a vraiment mis le paquet sur celle-là, et on compte faire de même pour les prochaines éditions collector et HD. On savait depuis longtemps où était le master, et même si ça n’a pas été évident de convaincre Studiocanal, qui ne fait pas trop dans le bis, ils ont été ravis du résultat final et on continuera avec eux pour de nouveaux projets. Ce qu’on veut, c’est amener le public à passer au Blu-Ray, c’est pour ça qu’on ne sépare pas les DVD et les Blu-Ray des éditions collector. Pour cette édition, on a voulu créer un bel objet, un digipack cartonné pas donné à la fabrication mais qui est classe, je ne supporte pas les boîtiers bleus en plastique tout moche ! Et on n’a pas voulu se contenter de fans pour les bonus, on a donc fait appel à des gens qui avaient un vrai regard sur le film, comme Olivier Père, Christophe Gans ou Lionel Grenier de luciofulci.fr, ou encore Jean-François Raugier. Et quand de dernier nous répond qu’il est très fier d’avoir participé à cette édition, ça nous rend vraiment heureux ! Et puis on a pu rencontrer Anita Strindberg et Jean Sorel, c’étaient vraiment de beaux moments !
- © Media Asia
Une question un peu plus personnelle pour finir. Quel fut ton premier contact avec le cinéma de genre ?
Mon premier souvenir, c’était à 12 ans, quand j’ai vu Maniac en VHS chez mon grand-père, autant dire que ça a été un choc ! La même année, je suis allé voir Police Story au cinéma, idem, la claque. Voilà, mes deux premiers vrais contacts avec le cinéma : Maniac et Police Story, ma passion pour le cinéma a commencé là ! Je me souviens aussi de la première fois que j’ai vu The Killer au cinéma, en Allemagne, avant la chute du mur. A l’époque le secteur britannique passait beaucoup de films hongkongais, mais on n’avait jamais vu ça ! Pour conclure, je vais évoquer mon dernier coup de cœur en date : Les rencontres d’après-minuit, le premier long-métrage de Yann Gonzalez, superbe.
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