Le 12 août 2003
Rencontre avec un Canadien qui aime les contre-pieds.
Rencontre avec un Canadien qui aime les contre-pieds.
Dan Snaith, Canadien de 24 ans enregistrant sous le nom de plume Manitoba, aime les contre-pieds : après un premier disque de pur electronica, il revient avec une pop psychédélique et barrée ; après des années à tourner seul derrière des platines ou un laptop, le voici maintenant derrière des fûts de batterie ou un clavier, accompagné par deux complices masqués et des chanteurs-muppets virtuels présents sur un écran vidéo. A quelques jours d’un passage à La Route du Rock de Saint-Malo qui risque de faire du bruit (au propre comme au figuré), retour sur un entretien réalisé lors du dernier Printemps de Bourges. Dan Snaith nous éclaire ici sur le virage qu’il a fait prendre à sa musique et sur la manière dont il fait vivre celle-ci sur scène aujourd’hui.
Vous enregistrez vos disques seul, mais vous présentez un vrai groupe sur scène. Pourquoi ce choix ?
Après avoir réalisé un premier album d’electronica de chambre (Start Breaking My Heart, ndlr), j’ai eu envie de revenir à mes premières amours : la pop, le psychédélisme et les groupes de rock. J’ai donc conçu ce deuxième album (Up In Flames, ndlr) avec l’idée qu’il serait joué en live par un vrai groupe. Nous sommes donc trois sur scène, deux amis et moi, et nous faisons un boucan d’enfer…voilà notre plaisir ! (rires)
Pourquoi un tel changement de son entre ces deux disques ?
Ces dernières années, beaucoup de producteurs se sont intéressés à l’electronica, recyclant éternellement les mêmes idées et les mêmes sons. Donc j’ai eu envie de faire un disque avec un plus gros son, et surtout un son différent du premier album.
Et ce côté psychédélique qui imprègne le disque, d’où vient-il ?
J’ai grandi dans une ville assez hippie, au Canada, donc ce côté psychédélique m’est très familier, mais j’ai également redécouvert récemment à quel point la production des disques réalisés à cette époque était aboutie et riche, à quel point les techniques d’enregistrement et les arrangements étaient créatifs.
D’autre part, vous sortez des maxis qui n’ont rien à voir avec vos albums. Ils sont plutôt orientés dancefloor. Avez-vous une approche différente lorsque vous produisez un maxi et un album ? Y-a-t-il un Manitoba à danser et un Manitoba à écouter ?
Oui, effectivement. En fait, ces dernières années, j’ai pas mal tourné en tant que dj, et personne ne sortait vraiment les disques que je voulais entendre , donc je me suis dit, je vais les faire moi-même ! Mais même si je suis vraiment fier de ce côté électro-dancefloor, lorsque j’en viens à concevoir un album, je veux réaliser quelque chose qui supportera l’épreuve du temps, donc j’évite d’inclure des morceaux qui sonneront datés dans 3 ou 5 ans.
Etiez-vous inquiet de la réaction du public qui vous a découvert avec Start Breaking My Heart ?
Oui, en fait je l’étais vraiment. J’avais commencé à enregistrer des morceaux qui ressemblaient à ce premier disque, me disant "voilà ce que je dois faire, puisque les gens ont apprécié". Et puis je me suis rendu compte que ça ne m’excitait plus du tout, et que de toute façon j’ai toujours fait de la musique pour moi-même, et que c’est comme ça que ça a marché, finalement. Alors j’ai enregistré tout ce nouvel album en me disant qu’il ne sortira jamais, que je le ferais uniquement pour moi. Et durant le processus, je me disais "c’est nul, ça va être de la merde", mais je m’amusais en le faisant. Et puis à la fin, j’ai vraiment eu envie de faire écouter le résultat, car j’étais super-excité à l’idée de découvrir la réaction des gens. Et finalement, je n’ai vraiment pas été déçu.
Entretien réalisé le 25 avril 2003 à Bourges.
Manitoba sera présent à la Route du Rock le samedi 16 août au Palais du Grand Large, à partir de 16 heures.
Les disques de Manitoba sont distribués en France par Chronowax.
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