Le 26 avril 2019
- Scénariste : Songsin Tiewsomboon
- Dessinateur : Songsin Tiewsomboon
- Genre : Fantastique, Fantasy , Musique
Rencontre, à Bangkok, avec l’auteur et éditeur Thaïlandais Songsin Tiewsomboon.
Résumé : Quasiment inconnu sous nos latitudes mais auteur incontournable en Thaïlande, Songsin, accompagné par son épouse View (Kittikan Chaiklahan), elle aussi artiste, nous a présenté son travail au cours d’un long entretien chaleureux, en plein cœur de la capitale thaïlandaise.
Parcours.
La discussion débute autour de Songsin qui nous apprend que le virus artistique est un héritage familial puisque son père - militaire de métier - dessinait déjà des bandes dessinées et sa mère, chanteuse reconnue, éditait également ses poèmes.
Ils ont d’ailleurs toujours soutenu leur fils qui a débuté la BD à l’âge de douze ans, dessinant en classe, les histoires de ses petits camarades.
Ses parents souvent préoccupés par son statut à ses débuts, sont désormais fiers de leur fils.
Il reconnaît n’avoir pas été un très bon élève et son père n’a pas hésité à financer plus tard sa scolarité à la Saowapa School où il apprendra l’art sous toutes ses formes : dessin, publicité, animation...
Son bac en poche, il s’inscrit à l’université Silapakorn pour un cursus de cinq ans, désireux de renforcer ses connaissances en animation.
Parallèlement, Songsin touche-à-tout infatigable, fan des Ramones, monte son groupe de musique avec des amis et signe un contrat avec la GMM Grammy
Mais après quelques années, il arrête la musique et successivement, démissionne de son emploi à la télévision et se sépare de sa petite amie. Débute alors un période des plus difficiles.
Dès ce moment de remise en question, Songsin fait naître Nine Lives, il y a une dizaine d’années.
L’histoire est celle de cinq chats. Le premier est noir et essaie de se suicider, mais décide de revenir parmi ses congénères. Le second, gris, est immortel, mais ne connaît pas le sentiment amoureux. Le troisième est blanc et se trouve à la croisée des chemins de sa vie de félin. Les deux derniers sont amoureux, et avec le concours des autres chats, vont trouver leur bonheur. La seule page en couleur de ce livre est d’ailleurs celle de ce passage, ou ces deux âmes se reconnaissent et partent dans la même direction.
Pour Songsin, la surprise lors de la publication de cette BD fut celle de la rencontre avec sa future femme, View : « Je suis venue faire dédicacer Nine Lives, et Songsin m’a demandé mon e-mail et mon téléphone. A vrai dire je n’étais pas fan de l’homme, mais de son travail... Et puis j’ai accepté de le revoir... ».
A croire que Songsin a un sixième sens d’avance, qu’il flaire ce qui sera bientôt dans le vent.
Et concernant son histoire avec View, leur fusion est une évidence. Ils travaillent d’ailleurs ensemble, View gérant la partie commerciale de l’artiste.
Photo : Nelly Oleson
Après le succès de Nine Lives, paraît Black Dress un roman illustrée, en plusieurs volumes, consacré à la vie d’un jeune homme SDF qui veut contrôler le monde.
Les sources d’inspiration.
L’auteur s’est beaucoup intéressé au travail de Hokusai pour sa partie contes et à Lafcadio Hearn pour les mythes, qui sont pour lui une grande source d’inspiration.
Il s’inspire aussi de films ou séries, comptant parmi ses préférées La Quatrième dimension, Twilight ou encore du travail de Salvador Dalí ou Charles Burns.
Songsin adore la lecture et se veut un bon lecteur, au sens propre comme au sens figuré. Pour lui, le fond de l’histoire prend une importance première lorsqu’il se lance dans son travail.
Il n’a pas vraiment d’auteurs de bande dessinées fétiches, mais plutôt des écrivains dont il est fan, tels que Stephen King ou encore Neil Gaiman, qui sont ses favoris.
Il aime la façon dont ils racontent des histoires profondes autant que leur façon de vivre en tant qu’auteurs.
« King et Gaiman continuent d’écrire passionnément alors que le succès pourrait leur épargner de continuer de travailler. Ils respectent leur travail autant que leurs lecteurs. Je veux être un auteur sympathique, continuer à écrire des livres jusqu’à ce que ma condition physique m’y refuse. »
Le processus de création.
Songsin Tiewsomboon a des images qui lui passent dans la tête et les retranscrit alors sur papier ou sur écran.
Techniquement ses dessins sont très variés. Il dit utiliser peu Photoshop, mais se sert volontiers d’un e-pen et il est capable de maîtriser de nombreuses techniques traditionnelles telles que l’aquarelle, l’encre, le feutre, le crayon...
L’école lui a beaucoup appris mais cet autodidacte a également fait de nombreuses découvertes en échangeant avec ses amis.
Le pourcentage de la part du numérique est difficile à quantifier « because it is random ! »
« Pour Nine lives, ce fut une période très dure pour moi. Je voulais parler de mon expérience et la partager. Je me suis dit que le livre pourrait aider les autres . L’amour n’est-il pas là pour se partager ? Vous êtes votre propre Dr Freud ! ».
Songsin Tiensomboon
Songsin attache un intérêt particulier à l’impression des ouvrages qui sont de très bonne qualité et de véritables livres-objets.
Les couvertures de Midnight Opera notamment, en velours mauve, pour « rappeler le rideau de scène », ou encore Improvise qui utilise comme visuel une cassette audio et dont Songsin en nous le présentant s’amuse : « Si vous montrez cette couverture à des jeunes de vingt ans, ils ne sauront pas vous dire ce que représente le dessin ! ».
Le rôle d’éditeur.
Songsin Tiewsomboon a deux casquettes, celle de dessinateur et d’éditeur.
« Cela me donne plus de liberté ».
Il propose aussi régulièrement à des auteurs de le rejoindre dans ses publications collectives.
« Je me rends parfois à des lectures, ce qui me permets de rencontrer d’autres dessinateurs et auteurs, ou bien ces derniers s’adressent directement à moi pour que je les édite. Alors nous nous retrouvons. Soit je propose une thématique, soit on discute de sujets que nous aimerions traiter et nous nous mettons au dessin ». Ses livres sont imprimés en Thaïlande et en Chine et le coût moyen d’un de ses livres dans le commerce s’élève entre 200 à 300 baths (soit entre 3,50 et 8 €)
Songsin Tiensomboon
Une sincérité à toute épreuve, une générosité et un altruisme sans faille se dégagent de son œuvre mais aussi du personnage.
Sa démarche d’illustration résolument contemporaine, où règne la finesse, l’onirisme et le merveilleux, contraste avec le reste du paysage éditorial.
En effet en Thaïlande, la majeure partie du marché du livre étant réservée aux importations de mangas japonnais.
Songsin insiste sur le fait qu’il est difficile, en Thaïlande, pour les auteurs de se faire publier et de vivre de leur travail. Ils ont souvent un emploi principal et prennent plutôt le dessin pour hobby, malgré eux...
Si vous souhaitez en savoir plus sur le travail de Songsin Tiewsomboon, rendez-vous sur sa page Facebook.
Galerie Photos
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