Le 27 octobre 2006
La gloire n’est pas toujours fille du hasard. Alfred Jarry, généalogie d’un succès.
La gloire n’est pas toujours fille du hasard. Alfred Jarry, généalogie d’un succès.
Jarry défie le bourgeois et le temps, la bien-pensance et l’oubli. Jarry moderne, Jarry inaltérable, Jarry impertinent et magicien qui transforme d’un coup de plume une blague de potache en mythe littéraire. Mais au début, comme dans toutes les histoires, il y a la femme.
Dans le Paris de la fin du siècle, elle tient salon où se croisent Maurice Barrès, Jean Lorrain, Pierre Louÿs, André Gide ou Huysmans. Elle porte le cheveu court et une autorisation spéciale de la Préfecture qui lui permet officiellement de s’afficher en pantalon. Elle se dit "homme de lettres" et laissera à la postérité plus de soixante titres. Elle s’appelle Marguerite Eymery avant d’épouser Alfred Vallette, fondateur du Mercure de France, mais pour le monde des lettres, ce sera Rachilde, et sans elle, Jarry ne serait peut-être pas Jarry.
Témoin du bouillonnement littéraire de cette fin de siècle, Rachilde compte dans le monde éditorial. Elle s’entoure de plumes de tout poil que l’histoire reconnaîtra parfois, et surtout, elle sait flairer le talent qui germe. Elle donnera à Jarry un laisser-passer pour la postérité alors même que le sien s’égaille déjà aux orties, au faîte d’une gloire infidèle. Elle mourra en 1953, dans une indifférence générale dont elle ne se relève aujourd’hui que sous les assauts d’une poignée de nostalgiques assez fous pour rééditer quelques-uns de ses grands textes, Monsieur Vénus, ou La marquise de Sade, quand d’autres s’évertuent à monter au théâtre son chef-d’œuvre, La tour d’amour.
On sait que l’histoire est souvent ingrate et d’autres en ont fait les frais. De Rachilde il ne reste aujourd’hui presque rien, que des étagères de bouquinistes qui sentent le papier moisi des caves de grands-mères, et un fils spirituel. Pas vraiment de quoi rire... Merdre !
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