Le 5 mai 2017
- Festival : Pulp Festival 2017
Comme chaque année, Pulp Festival a gratifié ses festivaliers de conférences riches et variées. Cette richesse contribue à faire du festival un lieu de rencontre, de débats et de réflexion sur la bande dessinée d’aujourd’hui.
L’édition 2017 de Pulp Festival a été riche en conférences et débats. Récapitulatif.
Pulp Festival aime interroger la bande dessinée en tant que medium, et sa capacité à interroger notre quotidien. La table ronde du samedi « Comprendre le monde en bande dessinée » s’inscrit pleinement dans cette veine. En quoi la bande dessinée, à l’instar du cinéma et de la littérature, peut-elle éclairer notre monde contemporain, ses problèmes, ses enjeux ? L’ambition est de montrer la richesse d’une expression graphique à travers des exemples très différents (bande dessinée pédagogique, de reportage, etc). Toujours le samedi, les rencontres sur « Satire et bande dessinée » avec en particulier Liv Strömquist - auteure suédoise de (très) grand talent (voir L’origine du monde) ainsi que Marion Montaigne - et « Du carné, du fessu, de l’érotique » portent sur deux genres désormais bien identifiés dans le neuvième art : la bande dessinée d’humour (parfois grinçant), et la bande dessinée érotique.
En cette période d’élection présidentielle, Pulp Festival a consacré une table ronde à « Politique en France : la BD s’engage ! », l’occasion de donner la parole à trois auteurs : Helkavara (La banlieue du 20 heures, collection « Sociorama » chez Casterman), Vincent Jarousseau (photographe, co-auteur de L’illusion nationale, les Arènes) et Killian Pelletier (contributeur au fanzine Novland). Helkavara a centré son travail sur la fabrication du journal de 20h : comment les journalistes fabriquent-ils l’information ? Le récit montre l’envers du décor, et montre comment sont conçus, de manière plus ou moins consciente, les clichés sur les banlieues. La bande dessinée de Vincent Jarousseau et de Valérie Igounet, est le résultat de 2 ans d’investigation dans des mairies Front National, de centaines d’interview et de milliers de photographies. Avec un objectif : comprendre les motivations du vote Front National, et mettre un visage sur ses électeurs. Ces récit témoignent parfaitement de la capacité de la bande dessinée à parler des réalités d’aujourd’hui, et en particulier des problèmes politiques, sans schématisme ni caricature - bien au contraire. Avec cette table ronde, c’est un éclairage sur ce qu’il est désormais convenu d’appeler la « bande dessinée du réel » qui était fait.
Xavier Guilbert, rédacteur en chef de Du9, a gratifié cette édition de Pulp Festival d’une conférence passionnante sur « La face cachée du manga ». L’objectif était de faire découvrir au public des mangas hors des sentiers battus, en soulignant que la très grande partie de la production nipponne (environ 13 000 titres/an) est inaccessible au lecteur uniquement francophone, faute de traduction, et que certains titres traduits il y a quelques années ne sont plus disponibles aujourd’hui. En dépit de ces restrictions, Xavier Guilbert, excellent connaisseur de la bande dessinée japonaise pour avoir vécu au Japon à la fin des années 1990, a fait découvrir à son auditoire de nouveaux horizons.
Xavier Guilbert a expliqué que la frontière entre bande dessinée grand public et bande dessinée alternative se situait à l’intérieur des très grandes maisons d’édition (Kôdansha, Shôgakukan, Shûeisha) à travers des revues de pré-publications encore extrêmement vivaces. Il a également décrit de nombreux genres, plus ou moins connus en France, qui témoignent de la richesse de la bande dessinée japonaise. Revue non exhaustive des différents types évoqués :
- le Gekiga, dont l’appellation regroupe des bandes dessinées aux sujets graves publiées dans les années 1960-70, avec en particulier Yoshihiro Tatsumi (Une vie dans les marges, Cornélius, qu’on ne saurait trop vous recommander) et Yoshiharu Tsuge (L’Homme sans talent, Ego comme x, mais il demeure très peu traduit bien qu’un dossier lui ait été consacré sur le site de Neuvième Art http://neuviemeart.citebd.org/spip.php?article241).
- l’Ero-Guro, qui associe érotisme et scène macabre, avec en particulier l’œuvre de Suehiro Maruo dont les histoires les plus « soft » ont été traduites chez Casterman et le Lézard Noir.
- le Heta-Huma, proche de l’art brut, avec des dessins très peu soignés)
- l’Horreur avec en particulier Kazuo Umezu, véritable pape du genre selon Xavier Guilbert, dont quelques productions sont traduites chez Glénat
- le Fleshbomb, appellation qui regroupe des mangas explicitement pornographiques.
Enfin, la Bande des idées, rencontre mensuelle qui a généralement lieu au bar « Lou Pascalou » (voir leur page Facebook) tous les premiers lundi du mois, s’est délocalisé le temps du festival pour débattre autour des sorties récentes. Le système est simple : un chroniqueur (journaliste, auteur, éditeur ou libraire) choisit un titre qu’il critique, avant de céder la parole à ses camarades et à la salle, suscitant bien souvent des débats enflammés.
De par la diversité de ses intervenants et des thèmes proposés, Pulp Festival s’affirme année après année comme un festival majeur de la bande dessinée en région francilienne, pour notre plus grand plaisir.
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