Le 19 août 2024
Une série B d’action efficace, qui ne révolutionne pas les codes du film catastrophe mais se distingue par sa narration limpide et une perfection technique indéniable.
- Réalisateur : Kim Tae-gon
- Acteurs : Kim Tae-woo, Lee Sun-kyun, Mun Seong-kun , Ju Ji-hoon, Kim Hee-won, Park Hee-bon
- Genre : Science-fiction, Fantastique, Action, Thriller, Épouvante-horreur, Film animalier, Survival
- Nationalité : Sud-coréen
- Distributeur : KMBO
- Durée : 1h41mn
- Titre original : Talchul: Project Silence
- Date de sortie : 21 août 2024
- Festival : Festival de Cannes 2023
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Résumé : Le brouillard cause un gigantesque accident sur un pont. Alors que celui-ci menace de s’effondrer, des bêtes inconnues se retrouvent libérées au milieu des survivants.
Critique : La série B d’action, policière ou horrifique, semble une constante des séances de minuit dans la sélection officielle du Festival du Cannes. Au mieux, cela donne Dernier train pour Busan, qui conciliait fantastique et considérations sociales, avec un brio narratif et visuel. Au pire, l’on tombe sur I, The Executioner (Vétéran 2), « piètre succession de castagnes sans queue ni tête » selon notre collaborateur Laurent Cambon. Présenté lors de l’édition 2023, Project Silence a dû attendre quinze mois avant de connaître une sortie en salle permise par le distributeur KMBO. Sans révolutionner le genre du film catastrophe d’horreur et de SF, le long métrage est plutôt une bonne surprise. Son réalisateur, Kim Tae-gon, avait déjà signé quatre films (tous inédits en France), dont The Sunshine Boys (2012), primé aux festivals de Busan et Thessalonique. Coécrit avec Park Joo-suk et Kim Yong-hwa, le scénario de Project Silence suit une trame classique, sur fond d’inconscience scientifique, de cynisme politique et de bravoure citoyenne, qui va réunir un micro-communauté coincée sur un pont d’autoroute menaçant de s’effondrer, à la suite d’un carambolage dû au brouillard et surtout aux agissements des plus hautes instances de l’État ; celles-ci sont en effet soucieuses de détruire les preuves d’une manipulation génétique classée « secret défense ».
- © 2023 CJ ENM Co., Ltd., CJ ENM STUDIOS, BLAAD STUDIOS. ALL RIGHTS RESERVED.
Comme dans L’aventure du Poséidon, un petit groupe va donc tenter de trouver une issue pour s’échapper et survivre, en affrontant, notamment, une meute de chiens très remontés contre l’espèce humaine… Il y a là un dépanneur allumé (Ju Ji-hoon), à la fois froussard et valeureux ; un chercheur dépassé par son invention (Kim He-won), digne descendant du Niall MacGinnis de Rendez-vous avec la peur ; un couple de vieillards dont l’épouse est sénile, deux sœurs dont une championne de golf ; et surtout Jung-won, un haut responsable de la sécurité accompagné de sa fille adolescente. Ce dernier est interprété par Lee Sun-kyun, acteur pour Hong Sang-soo et Bong Joon-ho, et qui nous a quittés en décembre 2023. Son personnage est le leader d’un groupe dont il doit toutefois dissiper la méfiance. « Je voulais évoquer, de manière immersive, l’angoisse et la tension qui s’installent quand un environnement familier et des animaux domestiques deviennent soudain des menaces. »
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Cette intention du cinéaste, précisée dans le dossier de presse, pourra paraître aussi sincère que naïve, tant la thématique, surtout liée à l’espèce canine, a déjà été traitée au cinéma, de Dressé pour tuer de Fuller à White God de Mundruczó. Et ne parlons pas des Oiseaux de Hitchcock, le gentil caniche du dépanneur faisant d’ailleurs écho aux inoffensifs inséparables offerts par Tippi Hedren… Et pourtant, Project Silence est doté de réelles qualités. Le récit, fidèle aux unités de temps, de lieu et d’action, est d’une épure appréciable, loin des scénarii dopés à l’IA ou formatés Netflix, dont le cinéma d’action mondial est de plus en plus friand. Et le film doit beaucoup aux collaborateurs techniques. Les séquences du carambolage ou de l’effondrement du pont sont ainsi remarquables et bien agencées, grâce notamment à la cheffe décoratrice Han Ah-rum, dont on avait déjà apprécié le travail dans Thirst, ceci est mon sang ou The Housemaid. Et si le brouillard est moins inquiétant que dans Fog, la photo de Hong Kyung-pyo (Parasite), par ses nuances de luminosité, est en conformité avec l’ambiance tant réaliste que fantastique. Efficace et agréable, à défaut d’être majeur, Project Silence est donc un objet filmique qui mérite le détour.
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