La guerre des clans
Le 30 juillet 2024
Un drame poignant, dont les puissantes mâchoires serrent le spectateur à la gorge pour ne plus le lâcher jusqu’au générique de fin.
- Réalisateur : Kornél Mundruczó
- Acteurs : Tamás Polgár, Orsolya Tóth, Lili Monori, Zsófia Psotta, Sándor Zsótér, Lili Horváth
- Genre : Drame, Film animalier, Teen movie
- Nationalité : Allemand, Suédois, Hongrois
- Distributeur : Pyramide Distribution
- Editeur vidéo : Pyramide Video
- Durée : 1h59mn
- Date télé : 15 mai 2017 22:50
- Chaîne : Arte
- Titre original : Fehér Isten
- Date de sortie : 3 décembre 2014
- Festival : Festival de Cannes 2014, L’Etrange Festival 2014
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Résumé : Pour favoriser les chiens de race, le gouvernement inflige à la population une lourde taxe sur les bâtards. Leurs propriétaires s’en débarrassent, les refuges sont surpeuplés. Lili, treize ans, adore son chien Hagen, mais son père l’abandonne dans la rue. Tandis que Lili le cherche dans toute la ville, Hagen, livré à lui-même, découvre la cruauté des hommes. Il rejoint une bande de chiens errants prêts à fomenter une révolte contre les hommes. Leur vengeance sera sans pitié. Lili est la seule à pouvoir arrêter cette guerre.
Critique : Bien des choses sont à dire et à écrire sur White God, dernier film du cinéaste hongrois Kornél Mundruczó. Récipiendaire du Grand Prix « Un Certain Regard » au festival de cannes 2014, ce film nous fait voir, d’un œil on ne peut plus sombre, les sociétés contemporaines, à travers les destins parallèles d’une jeune adolescente et de son chien, dans une Budapest futuriste où les canins de races pures sont privilégiés aux croisés.
Lili et son chien Hagen sont de vrais amis : inséparables, ils partagent tout et s’aiment de toutes leurs forces. Oui mais voilà : Hagen n’est pas un chien de race, les gens l’observent d’un air mauvais, le traitent de bâtard, l’accusent de mordre, d’être un sauvage, et la police exige du père de Lili qu’il paye la taxe imposée par le gouvernement, sous peine de se voir confisquer l’animal en question. Pour ne pas s’acquitter de l’impôt, l’homme abandonne Hagen sur le bord de la chaussée, sous les yeux éplorés de sa fille. C’est ainsi que la pauvre bête se retrouve livrée à elle-même dans un environnement sale et hostile où d’autres chiens, aussi, se démènent pour survivre.
- © Pyramide Distribution
Pour tenter, comme disait Zola, de mettre « la vérité sous la grande lumière du soleil », Mundruczó prend le parti radical d’une mise en scène crue, violente, à la photographie dominée par une lumière jaunâtre et maladive, et portée par la sublime et tempétueuse Rhapsodie hongroise n°2 de Liszt. La violence en question atteint son apogée lorsque Hagen, vendu par un clochard à un trafiquant, se voit être entraîné, dressé, vidé de tout amour et de toute docilité, pour livrer de sanglants combats contre les autres chiens de la rue. Cette aliénation achèvera de le monter contre les hommes.
- © Pyramide Distribution
White God est revendiqué par son auteur comme un film très engagé, se voulant une illustration allégorique de l’existence difficile des minorités opprimées au sein des communautés européennes. Au-delà de la simple expérience cinématographique, le film s’étend donc au débat politique, mais surtout social et anthropologique, évitant soigneusement les pièges de la démagogie grâce à la figure animale, comme le firent avant lui, en littérature, Camus, avec La Peste ou Ionesco avec Rhinocéros pour fustiger les régimes totalitaires qui gangrénèrent l’Europe de la première moitié du XXe siècle. « Je voulais, dit le réalisateur, aborder ce sujet en toute liberté, avec le moins d’entraves et de tabous possible ». Pari réussi pour le cinéaste, qui a su faire preuve, à travers les destins de tous ses personnages, d’un puissant idéal, et dont le travail, ici, ne devrait pas être perçu comme une énième œuvre cédant trop facilement au développement de lieux communs faussement moralisateurs, mais bien plutôt comme une métaphore funeste de l’humanité, chargée d’altruisme et de pacifisme.
Le DVD
Après avoir fait la tournée des festivals, notamment Cannes et L’Étrange, et s’être distingué en salle dans le circuit art et essai (40.000 entrées), White God lâche la meute DVD.
Les suppléments :
On trouve le minimum en matière de bonus :
– petit making-of explicatif de 16mn, où l’on revient sur la genèse d’un film sur un chien (curieux sujet), et notamment sur les scènes de dressage, qui ont donné lieu à des instants spectaculaires dans le film.
– bande-annonce.
L’image :
Convenable, l’image restitue une ambiance froide, assénée par une photographie délavée qui, de façon contradictoire, n’est pas sans éclat. Toutefois, la définition du disque est un peu sommaire. On aurait aimé plus de précision dans les détails, alors que le film offre de belles scènes urbaines qui justifiaient à elles seules la nécessité de profondeur.
Le son :
Disponible exclusivement en version originale hongroise, en 2.0 ou 5.1, le film est cristallin dans ses dialogues et déploie l’essentiel pour profiter d’un score ample, qui est au cœur de l’intrigue, puisque l’on apprend ici que si la musique adoucit les mœurs, elle en fait de même avec la race canine.
– Grand Prix Un Certain Regard au Festival de Cannes 2014
– Sortie DVD : 15 avril 2015
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