Le 30 juin 2021
Une comédie politique agréable, évitant les pièges d’un synopsis qui pouvait sembler hasardeux. Jean Dujardin et Grégory Gadebois se meuvent avec aisance dans le dispositif.
- Réalisateur : Anne Fontaine
- Acteurs : Denis Podalydès, Jean Dujardin, Pascale Arbillot, Jean-Chrétien Sibertin-Blanc, Grégory Gadebois, Pierre Lottin, Doria Tillier, Roxane Bret, Jean-Charles Clichet, Jean-Michel Lahmi
- Genre : Comédie
- Distributeur : Universal Pictures France
- Durée : 1h40mn
- Date télé : 13 novembre 2024 22:50
- Chaîne : France 2
- Date de sortie : 30 juin 2021
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Résumé : Nicolas, un ancien président de la République, supporte mal l’arrêt de sa vie politique. Les circonstances lui permettent d’espérer un retour sur le devant de la scène. Mais il lui faut un allié. Nicolas va donc partir en Corrèze, pour convaincre François, un autre ancien président (qui, lui, coule une retraite heureuse à la campagne) de faire équipe avec lui. François se pique au jeu, tandis que Nicolas découvre que le bonheur n’est peut-être pas là où il croyait… Et leurs compagnes respectives, elles, vont bientôt se mettre de la partie.
Critique : Présidents sort en salles trois jours après le second tour des élections départementales et régionales qui ont connu un record de taux d’abstention. Anne Fontaine est une cinéaste éclectique qui s’est essayée à divers genres, de l’étude de mœurs (Nettoyage à sec, 1997) au récit d’initiation (Marvin ou La belle éducation, 2017) ; en passant par la fantaisie décalée (Augustin, roi du kung-fu, 1999) ; le drame psychologique (Comment j’ai tué mon père, 2001) ou le polar (Entre ses mains), 2005). On pouvait être surpris de la voir s’atteler à une pure comédie, de surcroît à connotation politique, avec des personnages calqués sur les deux ex-présidents de la République que sont Nicolas Sarkozy et François Hollande. En effet, son loufoque Mon pire cauchemar (2011) avait peu convaincu. Quant aux rares films français de fiction axés sur des hommes politiques de ce siècle, ils n’ont pas démérité, mais n’ont pas laissé non plus une trace indélébile. On songe bien sûr à La conquête (2011) de Xavier Durringer, sur l’ascension de Nicolas Sarkozy.
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C’est donc avec curiosité, mais un peu d’appréhension, que l’on guettait le nouvel opus de la réalisatrice, surtout après une bande-annonce spoiling caricaturale. À cet égard, le métrage est plutôt une bonne surprise, car il ne se situe pas sur le terrain du biopic et de la reconstitution, mais de la politique-fiction, avec l’objectif paradoxal de miser à la fois sur le souci de vraisemblance et la volonté d’absurde. Le grand mérite d’Anne Fontaine est surtout de parvenir à susciter le rire, sans vulgarités ni facilités, avec un art maîtrisé du comique de situation, et l’écriture de dialogues truculents, sans céder pour autant à la tentation du « bon mot » (le péché mignon d’un certain cinéma de scénariste). Le film regorge ainsi de passages savoureux, du discours ahurissant d’un sénateur à l’entraînement au débat télévisé, en passant par les réparties de l’épouse de Nicolas (Doria Tillier), chanteuse lyrique au carrefour de la Castafiore et du personnage d’Arielle Dombasle dans L’arbre, le maire et la médiathèque (1993) d’Éric Rohmer.
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Présidents est en outre cohérent avec l’univers d’autres longs métrages d’Anne Fontaine. Le charme bucolique de la Corrèze et l’ennui de l’ex-président font écho aux tourments de Gemma Bovery (2014) dans son village normand, quand la soif de retour sous les sunlights des deux politiciens retraités rappelle le parcours de l’ancienne comédienne (Danielle Darrieux), tentant un ultime come-back dans Nouvelle chance (2006). « Le film n’est pas didactique ou militant, c’est vrai, mais je crois qu’il touche quand même à l’objet de la politique, au-delà de la comédie du pouvoir avec laquelle il s’amuse », précise Anne Fontaine dans le dossier de presse. D’aucuns regretteront toutefois la légèreté de l’analyse politique d’un film qui n’échappe pas toujours à l’aspect Guignols de l’info. À titre de comparaison, on est loin de la verve sarcastique de The Queen (2006) de Stephen Frears. Mais ne boudons pas notre plaisir face à cette œuvre agréable, également bien servie par le jeu des interprètes. Si Jean Dujardin et surtout Grégory Gadebois sont savoureux dans leurs compositions (qui ne se bornent pas à une simple imitation), les seconds rôles contribuent eux aussi à la réussite du divertissement, avec une mention pour la délicate Pascale Arbillot.
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