Comment j’ai tué mon père - Anne Fontaine - critique

Critique : Avec Comment j’ai tué mon père, la réalisatrice de Nettoyage à sec nous plonge dans l’histoire douloureuse de trois hommes (un père et deux frères) qui ne se sont jamais compris, jamais parlé et même jamais vus.

Michel Bouquet, le père indigne et oublié, débarque, un soir de gala, chez son brillant médecin de fils. Lui même médecin, a choisi de consacrer sa vie à l’Afrique au détriment de sa famille. Jean-Luc (Charles Berling), le fils aîné, s’est installé dans une vie bourgeoise à Versailles. Entre sa clinique privée de jouvence, son épouse, sa maîtresse et son frère cadet qui lui sert de chauffeur, il a blindé consciencieusement son existence pour éviter de ressentir la moindre émotion. Quand ce père fantôme déboule dans sa vie, la façade se fissure. Patrick, le frère, comédien raté, joué par l’incroyable Stéphane Guillon, est bouleversant d’émotion dans son rôle de clown triste. L’un des meilleurs passages du film est sans conteste son monologue théâtral sur « les deux heures de sa vie passées avec son père ». Notons que Stéphane Guillon a écrit lui-même ce texte.

Après vingt minutes un peu longues qui installent l’atmosphère du film, on se laisse envahir par cette histoire qui remue en nous les questions fondamentales de l’amour filial, de l’amour tout court et des valeurs de la vie. Michel Bouquet est impressionnant de justesse dans le rôle du père démissionnaire. Natacha Régnier est à l’opposé des rôles de déjantées dans lesquels on a l’habitude de la voir, et c’est la moins crédible. Charles Berling joue avec talent sur une gamme d’émotions suggérées plus que montrées et Stéphane Guillon est tout simplement touchant.
Un film subtil et lent, qui touche l’essentiel...