Jeux dangereux
Le 9 octobre 2011
Roman d’apprentissage aérien et mélancolique sur fond de chassés croisés sur les toits et dans les dédales parisiens du mois d’août : après bientôt trente ans le premier long métrage de Laurent Perrin distille un charme tenace.
- Réalisateur : Laurent Perrin
- Acteurs : Michel Subor , Philippe Morier-Genoud, Philippe Laudenbach, Dominique Laffin, François Siener, Franci Camus , Ged Marlon, Julien Dubois, Martine Simonet
- Genre : Comédie dramatique
- Nationalité : Français
- Date de sortie : 20 novembre 1985
- Plus d'informations : http://www.dvdparadoxe.com/perrin.html
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– Durée : 1h25mn
– Sortie du DVD : 20 octobre 2011
Roman d’apprentissage aérien et mélancolique sur fond de chassés croisés sur les toits et dans les dédales parisiens du mois d’août : après bientôt trente ans le premier long métrage de Laurent Perrin distille un charme tenace.
L’argument : Deux adolescents de seize ans profitent du mois d’août pour arpenter les toits de Paris et cambrioler les appartements vides... Ils pénètrent dans le grenier d’un musée et dérobent un automate et un bijou...
Notre avis : Un portrait d’André Téchiné pour la série Cinémas de notre temps (1999), une enquête filmée intitulée Profession cinéaste (2006), un portrait de l’actrice Dominique Laffin (2007) ou encore Il était une fois : King Kong (2010) : les sujets des divers documentaires qu’il a réalisés ces dernières années ne laissent planer aucun doute sur l’amour de Laurent Perrin, un temps critique aux Cahiers, pour le cinéma et on ne sera pas surpris de reconnaître hommages et citations dans les quatre très beaux longs métrages qu’il tourna entre 1984 et 1999. <br
Passage secret, qui n’est pas tout à fait son coup d’essai puisque qu’il fut précédé de deux fort jolis films courts, Scopitone et Jimmy Jazz, fait ainsi affleurer, dès la première séquence acrobatique sur les toits de Paris, les souvenirs du Feuillade de Fantômas et des Vampires auquel Olivier Assayas, co-auteur du scénario, rendra à son tour hommage, avec moins de grâce cependant, dans Irma Vep.
- Passage secret
- Passage secret
Comme Feuillade, mais plus encore comme Rivette, Perrin sait dénicher dans le paysage parisien des lieux mystérieux où peut surgir l’improbable : dédales de couloirs dans de vastes appartements défraichis ou trafics louches dans les passages rescapés du dix-neuvième siècle pré-haussmannien (on en reconnait plusieurs qui semblent n’en recomposer qu’un seul) mais son film, d’une exquise légèreté de touche, évite la fausse poésie dans laquelle d’autres ne manquerait pas de se complaire.
La photo signée Dominique Le Rigoleur sait capter les couleurs magiques (bleu nuit, jaune de la robe de Franci Camus) et l’ambiance comme en suspens de la ville au mois d’août et jamais le cinéaste ne cède à la tentation de la langueur. Sa mise en scène est nerveuse et précise et s’amuse à dérouler les chassés croisés, les pièges multiples et les péripéties inattendues d’une trame rocambolesque digne d’un roman feuilleton à forte odeur d’enfance prolongée.
Mais une note grave est présente dès le début et on se doute très vite que ces jeux d’enfants (et d’adultes) ne seront pas sans conséquences. Car si tout le monde joue, les règles qui régissent la vaste partie restent impénétrables et les joueurs risquent gros, y compris d’être victimes de leurs propres pièges.
La mort s’immisce bientôt dans le film : d’abord celle d’un chien dans la séquence, assez impressionnante, des catacombes, puis celle du personnage le plus innocent, le plus étranger aux intrigues et manigances tissées par tous les autres.
La tonalité mélancolique de Passage secret doit beaucoup à la voix cassée et au sourire triste de Dominique Laffin (Anita), dont ce fut le dernier rôle. Mais la grâce de funambules meurtris de Franci Camus (Camille) ou des jeunes Leonard Smith (Nicolas) et Julien Dubois (Jeannot) illumine elle aussi une oeuvre dont la magie est discrète, sans tapage.
Sorti autrefois en VHS ce petit joyaux exquis et émouvant sera disponible prochainement en DVD dans un indispensable coffret Laurent Perrin, comprenant également Buisson ardent et le trop méconnu Trente ans ainsi que plusieurs courts-métrages et documentaires.
- DVD Laurent Perrin
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Frédéric Mignard 18 mars 2012
Passage secret - La critique
Dickens à la mode New/nouvelle Wave/vague parisienne des années 80... Laurent Perrin trouve le bon ton, celui furtif et évanescent de destinés de l’ombre, fuyant sur les toits mythiques d’un Paris nocturne que l’on a rarement vus aussi cinégéniques. Une pure représentation artistique d’un petit cinéma parisien des années 80 (La nuit porte-jarretelle de Virginie Thevenet ou Les favoris de la lune d’Otar Iosseliani) dont on ne se lasse pas !