Le 12 mai 2019
Un documentaire généreux, mais convenu, sur une étoile filante du cinéma français.


- Réalisateur : Laurent Perrin
- Acteur : Dominique Laffin
- Genre : Documentaire

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Notre avis : Dominique Laffin fut cette étoile filante qui, au tournant des années 70 et 80, incarnait des personnages fragiles au cinéma, comme son homologue Patrick Dewaere auquel on l’a si souvent comparée. Sa mémoire fut réactivée par un livre récent de sa fille Clémentine Autain, dont les souvenirs douloureux essaimaient quelques anecdotes spectaculaires, mais n’avaient globalement rien à voir avec l’évocation d’une carrière cinématographique. De Laffin, il reste cette voix cassée et ce regard souvent en dessous, ainsi qu’une présence dans un film brûlant de Doillon, La femme qui pleure, et beaucoup d’autres personnages, des longs métrages méconnus, dont l’excellent premier film de Laurent Perrin, Passage secret, sorti en 1985. C’est ce même réalisateur qui signe, en 2007, un hommage à la fois discret et modeste, pour rappeler la mémoire d’une personnalité globalement oubliée.
Réalisateurs et comédiens se succèdent, de Josiane Balasko, sa partenaire des Petits Calins, le premier film de Jean-Marie Poiré, à Claude Miller, qui la révéla dans Dites-lui que je l’aime, en passant par Catherine Breillat, Jacques Doillon, ainsi que Marianne Sergent dont elle croisa la route, à l’époque où Laffin vivait encore avec son compagnon, le chanteur Yvan Dautin. Toutes et tous parlent d’une comédienne attachante, à la fois joyeuse et torturée, se donnant à fond dans tous ces rôles, jusqu’à flirter avec les limites. Les propos s’en tiennent à une admiration polie, pour bifurquer vers les banalités, en évoquant un métier où il faut savoir être stratégique -ce que Laffin n’était pas-, plutôt diplomate -ce que Laffin n’était pas-. Bref, le documentaire démontre que les grandes affections ne produisent pas les meilleures pensées, la palme étant remportée par l’humoriste Elie Semoun, qui bredouille des platitudes devant un cliché de la jeune femme. Certes, il y a la magnifique photogénie de l’actrice, sublimée par quelques scènes -trop courtes-, des bouts d’essais plutôt intéressants (La femme qui pleure), mais il est caractéristique qu’à Dominique Laffin elle-même, on ne laisse jamais la parole, qu’aucune interview d’elle ne soit mentionnée. Or, l’artiste parlait aussi et plutôt bien de ce qu’elle vivait et faisait. Un entretien daté de 1980 et récemment mis en ligne sur YouTube le prouve. On y trouvera des éléments de réflexion bien plus intéressants que cet hommage admiratif, mais ennuyeux.