Le 10 novembre 2021
Parcourant vingt-et-un films de Yasujirō Ozu, étalés entre les années trente et soixante, les deux auteurs livrent leurs sentiments et analysent ce qui nous rapproche du cinéma de ce réalisateur, malgré la différence de culture et d’époque. Comment ce metteur en scène japonais du siècle dernier, se penchant sur des sujets qu’on pourrait croire typiquement nippon, parvient-il à toucher à l’universel ?
- Réalisateur : Yasujirō Ozu
- Auteurs : Serge Toubiana, Nathalie Azoulai
- Collection : Rencontres
- Editeur : Arléa
- Genre : Essai, Cinéma
- Nationalité : Française
- Date de sortie : 7 octobre 2021
- Plus d'informations : Le site de l’éditeur
L'a lu
Veut le lire
Résumé : Ozu et nous se compose d’échanges épistolaires entre Serge Toubiana et Nathalie Azoulai. Après avoir choisi un film d’Ozu qu’ils visionnent chacun de leur côté, ils partagent ensuite leurs impressions en s’écrivant l’un à l’autre.
Critique : Cette approche originale du cinéaste et de ses films, imposée en partie par la période de confinement entre 2020 et 2021, nous offre de découvrir l’œuvre d’Ozu. L’échange épistolaire permet de conserver un calme, une douceur dans le regard. Il apporte aussi deux points de vue, exprimés avec un certain recul. En effet, le texte d’une lettre favorise l’analyse posée, évite les échanges qui s’emballent parfois et se perdent. Ici, entre Nathalie Azoulai et Serge Toubiana, Ozu reste au centre, il fait le lien.
Ces exégèses se concentrant tantôt sur le scénario, tantôt sur la mise en scène, s’arrêtent sur des plans ou des acteurs, citent parfois le journal du réalisateur édité en France il y a peu, font ressortir les différences, mais surtout les ressemblances entre ses films.
Il existe comme un phénomène cyclique dans le cinéma d’Ozu, et les deux auteurs l’étudient mieux que nous ne pourrons le faire, mettant d’abord en évidence un cycle de la vie, des grandes étapes qu’il faut traverser en tant qu’humain, par rapport à l’évolution du noyau familial, puis un cycle visuel, avec ce style graphique qui parcourt la cinématographie du metteur en scène, ces plans fixes sur des objets qui s’intercalent entre des séquences de vie.
Bien sûr, l’idéal pour s’immerger dans cet ouvrage, c’est, comme l’ont fait les auteurs, de s’arrêter et de regarder le film concerné, puis de lire leurs échanges. Qu’elles soient tristes, gais, mélancoliques, nostalgiques ou encore imprégnées de ces quatre humeurs, les histoires d’Ozu nous parlent d’une époque en transition, où les femmes prennent plus de place dans la famille et la société. Leur mise en scène offre un semblant de réalité. Un semblant, car tout est pensé chez l’artiste, de la taille des panneaux de papier séparant les pièces jusqu’à la couleur des téléphones. Voilà un exemple de ce que nous apprenons à travers ces point de vue croisés, où les auteurs parlent aussi de ce qui les impacte dans ces créations, par rapport à leur existence personnelle. En effet, Serge Toubiana et Nathalie Azoulai assument leur position de spectateurs subjectifs. Ils n’oublient pas que si l’on regarde tous le même film, chacun le ressent différemment, en fonction du moment du visionnage et aussi de son propre vécu.
Ozu et nous est un livre doux, d’échanges humains sur le cinéma d’un réalisateur qui s’est consacré aux rapports familiaux. Le livre, ponctué de photos issues des films du cinéaste japonais, se découvre avec plaisir, si l’on prend son temps, comme le fait le réalisateur, pour nous raconter la vie.
224 pages- 19 €
La chronique vous a plu ? Achetez l'œuvre chez nos partenaires !
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.