Le 10 avril 2025
Une mère courage doit faire face à la grave maladie de son fils. Un Yasujirō Ozu inédit en France jusqu’en 2023, cela ne se refuse pas !


- Réalisateur : Yasujirō Ozu
- Acteurs : Chishū Ryū, Kinuyo Tanaka, Shuji Sano, Takeshi Sakamoto, Kōji Mitsui (Hideo Mitsui), Fumiko Okamura, Chieko Murata, Hohi Aoki
- Genre : Mélodrame, Noir et blanc
- Nationalité : Japonais
- Distributeur : Carlotta Films
- Durée : 1h24mn
- Titre original : Kaze no naka no mendori
- Date de sortie : 25 octobre 2023

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– Année de production : 1948
Résumé : Tokiko (Kinuyo Tanaka), couturière pauvre, élève seule son enfant. Sous-louant l’étage d’une maison appartenant à de braves gens, elle attend le retour de son mari prisonnier de guerre.
Critique : Joignant de plus en plus difficilement les deux bouts à cause d’une inflation galopante, Tokiko est obligée de se séparer de différents vêtements, dont son kimono préféré, qu’elle revend à une usurière sans scrupules. Sa seule distraction reste les promenades qu’elle partage avec son fils et son amie Akiko (Chieko Murata), avec qui elle travaillait dans un cabaret plusieurs années avant. Un jour, au retour de l’une de ces balades, elle constate que son fils ne réagit plus et qu’il a beaucoup de fièvre. Elle le conduit immédiatement chez le médecin.
Ce parcours douloureux de femme est probablement le plus mélodramatique du cinéaste japonais. Ce film, malaimé par son auteur, fut un échec commercial à sa sortie au Japon et ne sera distribué en France qu’en 2023 !
Pourtant, le récit pudique et extrêmement bien écrit, est ponctué, comme toujours chez Ozu, de plans de toute beauté : l’héroïne qui déambule dans un faubourg industriel dépeuplé avec son fils sur le dos, les deux amies qui refont le monde sur une butte en surveillant le gamin qui joue plus bas, et bien sûr des plans vides de personnages, marque de fabrique du maître japonais, qui décrivent admirablement l’univers de Tokiko.
C’est l’une des actrices favorites du cinéaste, Kinuyo Tanaka, à l’imposante carrière s’étendant de 1924 à 1976, qui interprète avec douceur cette malchanceuse mère courage. Cette comédienne sera la première femme japonaise à passer derrière la caméra et réalisera six films, tout en continuant à être interprète pour d’autres.
Cette œuvre d’une noirceur inhabituelle chez Yasujirō Ozu, qui rappelle le néoréalisme italien, alors en pleine effervescence, n’est pas une œuvre mineure, et mérite donc d’être découverte.
Le film, bien que non visible en France pendant toutes ces années, était cité sous le titre : "Une poule dans le vent". Les distributeurs ont bien fait de le modifier.
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