Le 30 septembre 2022
Une troupe de théâtre débarque dans un port du sud du Japon. Ozu propose un remake d’un de ses propres films, Histoire d’herbes flottantes, en se démarquant légèrement de son style habituel.

- Réalisateur : Yasujirō Ozu
- Acteurs : Ayako Wakao, Chishū Ryū, Kumeko Urabe, Machiko Kyō, Haruko Sugimura, Ganjirō Nakamura, Hiroshi Kawaguchi, Hitomi Nozoe, Natsuko Kahara
- Genre : Drame
- Nationalité : Japonais
- Distributeur : Carlotta Films
- Durée : 1h59mn
- Reprise: 19 août 2020
- Titre original : 浮草 [Ukigusa]
- Date de sortie : 31 juillet 1991

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Résumé : Komajuro (Ganjirō Nakamura), qui dirige une troupe de théâtre, revient dans un petit port du sud du Japon pour une série de représentations. Il y retrouve Oyoshi (Haruko Sugimura) avec laquelle il a eu un enfant. Celui-ci, Kiyoshi (Horoshi Kawaguchi), pense que Komajuro est son oncle.
Critique : Si dans la dernière partie de sa carrière Yasujirō Ozu a souvent repris ou remanié des scénarios de ses précédentes œuvres, il réalise ici un réel remake de Histoire d’herbes flottantes (Ukikusa monogatari), film muet et évidemment en noir et blanc qu’il réalisa en 1934. Il choisit de transposer le récit à l’époque contemporaine. Celui-ci est en couleur, mais ce n’est que son deuxième après Bonjour (Ohayo), tourné juste avant la même année. Pour une des rares fois de sa carrière, la seconde en fait, ce sont les studios Daei qui produisent (au lieu de la Shochiku, son habituelle compagnie). Ce changement n’est pas anodin, car l’ambiance y est sensiblement différente : on n’est plus à Tokyo mais au bord de la mer, et ses protagonistes ne sont plus issus de la classe moyenne, mais se présentent comme des gens beaucoup plus modestes. De plus, les principaux rôles sont interprétés par des acteurs et actrices issus de Daei et donc nouveaux dans l’univers du cinéaste.
Ozu travaille aussi avec un chef opérateur différent, Kazuo Miyagawa, un fidèle de Mizoguchi, à qui il a demandé d’incorporer dans toutes les scènes des éléments rouges qui se détachent. À ce titre, la récente restauration minutieuse et respectueuse de Carlotta Films souligne parfaitement ce choix et l’ensemble des qualités visuelles de l’œuvre .
Maintenant, ces différences soulignées, on se trouve bien dans l’univers inimitable du maître japonais avec ses thèmes récurrents : son pays tiraillé entre tradition et modernité, la famille même déconstruite qui est au centre, l’obsession du mariage, le sens du sacrifice, l’alcool comme échappatoire, la plus grande capacité qu’ont les femmes à prendre les bonnes décisions et une propension à rendre ses personnages attendrissants.
Ce drame familial est aussi atténué par de nombreux moments cocasses : un arrêt pipi rapide, une prostituée au sourire édenté ou encore un des comédiens de la troupe qui imite Toshiro Mifune, la star japonaise de l’époque.
Un film un peu différent qui finalement ne dépare absolument pas dans l’impressionnante filmographie de cet immense cinéaste.
- Daei Studios