Whispering . T.1 - La chronique BD

Premier tableau d’une fresque lyrique qui s’annonce profonde, ce tome 1 de Whispering fait appel aux sentiments plus qu’aux émotions de son lecteur. Pas de frissons qui parcourent l’échine, pas de larmes à tirer, pas de cris de surprise ou de joie suscités, tout ici se joue sur la durée, le changement progressif d’état, l’évolution lente du cœur. Le petit Daichi n’est pas un gamin irrésistible dès le premier regard, il est certes mignon, mais semble aussi avoir une vie sans vagues, sans besoins, avec l’unique envie d’avoir un ami de plus, ou plutôt un grand frère. Sa mère est plus chaleureuse, plus pétillante, et lorsque l’on se dit que Kôji va succomber à ce charme diffus, le mari s’en mêle, empêchant la tragédie. Cette série ne hurle pas, mais murmure quelques pistes, pour l’avenir, mais aussi et surtout sur les souvenirs, qui ont été refoulés, du héros. Garçon sensible, il a ainsi été brimé, et contemple la vie heureuse et le pouvoir bénéfique de Daichi comme un miroir joyeux de son enfance rigide. Une belle leçon de vie, qui peut donc s’extirper sans souci du cadre fantastique de l’histoire, et donner une portée universelle à Whispering.

Sans embardées, mais avec une linéarité rassurante, le dessin de Yoko Fujitani emporte le lecteur dans un récit léger, avec des personnages types du roman lycéen, comme la déléguée des élèves trop sérieuse, les camarades de classe un peu futiles, mais tous ne demandent qu’à évoluer. Certains caractères sont ajoutés avec humour et sensibilité, comme par exemple un chien empli de sagesse ou une mère pleine d’enthousiasme. L’unique difficulté de la lecture provient de l’enchevêtrement des paroles rapportées, entre les pensées du héros, qui va croiser les dialogues, puis les pensées de chaque être. Les pensées qui vont petit à petit se glisser dans les cases auront d’ailleurs le même effet pour le lecteur et le narrateur, une certaine confusion qui va s’estomper avec l’habitude.

Jolie entrée en matière dans une fable moderne, Whispering compte des arguments de poids pour devenir rapidement une bonne série. Sa sensibilité et son approche tranquille demeurent cependant les deux qualités évidentes et essentielles, que l’on espère retrouver dès le tome 2.