One plus one is one

Maintenant que Badly Drawn Boy est bien implanté dans le paysage pop, on va pouvoir enfin parler d’autre chose que de son bonnet de laine, de sa barbe ou de son physique pas facile. De toute manière, Damon Gough en a fait sa force, faisant de son alter ego Badly Drawn Boy un personnage de BD, comme en témoignent ses pochettes. Cela l’aide à dissimuler au tout venant sa vraie identité, celle d’un songwriter hors pair, malicieux, bricoleur et perfectionniste. Et les critiques qui avaient suivi la sortie de Have you fed the fish ? (qui égratignaient la production trop léchée du disque) l’avaient visiblement touché. Si bien qu’il est consciemment revenu à la production plus dépouillée et chaude de son premier disque, enregistrant quasiment en live, même lorsque cela impliquait de diriger des cordes, des vents et une chorale !

One plus one is one est tout d’abord typique de ses deux prédécesseurs : un patchwork de chansons hautes en mélodies, des courtes, des plus longues, des instrumentales, des chargées en instruments variés, des ballades au piano, mais toutes tissées entre elles par ces fils presque invisibles (un accord de guitare à peine audible, un son incongru) qui évitent au silence de venir rompre le fil musical. Ensuite, One plus one is one, comme son titre le laisse à penser, revendique une naïveté et une simplicité renforcées par le monde de bric-à-brac de Badly Drawn Boy (on le voit d’ailleurs, sur la pochette, émerveillé dans un magasin de jouets anciens), et par une instrumentation proche de nos années d’école primaire : la flûte et le piano sont omniprésents, et une chorale d’enfants intervient sur deux des meilleurs morceaux de l’album, le futur single Year of the rat et le titre final Holy grail.

Loin de se jeter dans des expérimentations risquées, Damon Gough a donc choisi avec ce troisième album de consolider un univers atypique et charmeur, que la production un brin trop professionnelle de Have you fed the fish ? avait mis en péril. Bien lui en a pris : il nous a redonné envie de fouiller dans nos cartons de souvenirs, histoire de ressortir le bonnet de laine et la flûte du CM2...