Noodle - la critique

L’argument : À 37 ans, Miri partage sa vie entre la gestion de son double veuvage et son travail d’hôtesse de l’air. Une routine bouleversée par sa rencontre avec un petit garçon chinois abandonné par sa mère.

Notre avis : Joli succès en Israël, ce long métrage repose sur trois atouts essentiels. En premier lieu, le film a le mérite de traiter de l’immigration clandestine chinoise à Tel Aviv, et de ses répercussions politiques, policières et sociales. Jamais depuis Le voyage de James à Jérusalem le cinéma israélien n’avait été aussi audacieux dans cette piste thématique et narrative. Comme le personnage de résistante de Simone Signoret dans Le jour et l’heure, Miri passe de l’apolitisme individualiste à l’engagement citoyen transgressif (transporter un enfant en toute illégalité, pour le ramener à sa mère), lorsqu’elle est le témoin direct de l’injustice humaine et des incohérences bureaucratiques et abus de pouvoir des gardiens du temple de l’« identité nationale ». Comme le personnage de Jérémie Rénier dans La promesse, Miri agit par devoir moral, mais aussi par compassion affective, accentuée ici par un amour maternel non assouvi. De Gena Rowlands dans Gloria à Tilda Swinton dans Julia, en passant par Fernanda Montenegro dans Central do Brasil, le cinéma regorge de figures maternelles de substitution, que le récent La Pivellina a également mis en exergue. Noodle suit cette veine mais avec sans doute moins d’inspiration. En second lieu toutefois, le récit excelle à aborder une deuxième histoire parallèle, mettant en lumière la relation affective conflictuelle entre Mira et sa sœur, digne des réussites de Ronit Elkabetz et Karen Yedaya. Le ton décalé de cette digression récurrente au film, mêlé à de saisissantes ruptures de ton et mélanges de genre (mélodrame, comédie), loin d’écarter l’œuvre de son axe central, en renforcent l’intensité. Enfin, le jeu des deux actrices est remarquable. D’une beauté et d’un jeu dignes de Romy Schneider ou Dominique Sanda, Mili Avital est parfaite en hôtesse dépassée par les événements ; plus théâtrale et volubile, Anat Waxman témoigne d’un tempérament guère si éloigné de celui de sa compatriote Hana Laszlo. D’où vient alors que Noodle ne séduit pas pleinement et n’atteint pas la force des Méduses ou des récits d’Amos Gitai ? Sans doute l’auteur abuse-t-il des morceaux de violons, du ravissant minois de l’enfant chinois et d’une sensiblerie agaçante cherchant à faire passer les pires invraisemblances du scénario, notre hôtesse n’hésitant à aller plus loin que sa collègue américaine Jackie Brown pour parvenir à ses fins. Ces failles empêchent souvent Noodle de dépasser le niveau de l’honnête produit consensuel politiquement correct.