Jackie Brown - Quentin Tarantino - critique

Critique : Trois ans après Pulp fiction et sa Palme d’or, Quentin Tarantino revient sous les feux des projecteurs avec Jackie Brown. Plus qu’un simple polar, Jackie Brown est en fait un hommage à la "blaxploitation" et à son icône légendaire Pam Grier. Fan depuis toujours de l’actrice, Tarantino modifie même le roman d’Elmore Leonard (le personnage principal est une blanche) pour lui donner le rôle. Il en résulte un retour en grâce à l’instar de celui qu’a pu connaître John Travolta avec Pulp fiction.
Bavard ! Le troisième film de Tarantino est indéniablement bavard mais ô combien jouissif tant les dialogues sont savoureux. Car le souci premier du réalisateur reste toujours l’écriture du script, sa fluidité, son harmonie entre les scènes et surtout la dramaturgie qui s’en dégage. Les personnages parlent à profusion mais ne cessent de se dévoiler, du caïd parano à la bimbo capricieuse. Surtout ils servent une trame propre au polar où le suspense va crescendo.
D’aucuns parlaient, à l’époque de sa sortie en salle (1997), du film de la maturité ; il est vrai que Tarantino, même s’il préserve la "cool attitude" de ses personnages, laisse de côté certains gimmick comme la déconstruction de son récit. De facture plus classique dans sa narration, Jackie Brown n’en conserve pas moins un puissant pouvoir de séduction, notamment grâce à sa pléiade de stars qui rivalisent de justesse. De Samuel L. Jackson à Robert De Niro en passant par Pam Grier, tous excellent dans l’art de rendre crédible leur personnage. Inutile de s’appesantir sur l’utilisation de la musique qui encore une fois frise le génie.
Si Jackie Brown a pu en déconcerter plus d’un (lenteur relative du film), il n’en demeure pas moins une excellente preuve de la maîtrise de la réalisation par Tarantino. Pour son troisième film, il démontre tout son talent de conteur avec une œuvre où pour une fois la violence n’est pas seulement au cœur du sujet.