Le 22 décembre 2011
- Réalisateur : Reza Serkanian
Après plus de cinq semaines dans les salles, Noces éphémères continue son petit bonhomme de chemin aux quatre coins de la France. D’une ville à l’autre, le réalisateur et son film partent à la rencontre du public. Place au débat....
Après plus de cinq semaines dans les salles, Noces éphémères continue son petit bonhomme de chemin aux quatre coins de la France. D’une ville à l’autre, le réalisateur et son film partent à la rencontre du public. Place au débat....
L’argument : Une société qui étouffe les désirs et les aspirations individuelles. Une relation entre le jeune et fougueux Kazem et sa belle-sœur Maryam. Une ville iranienne où se pratique une coutume étrange : le mariage à durée déterminée.
Les débats : Générique de fin dans une salle de cinéma. Les lumières se rallument. Des bribes de conversations, quelques chuchotements et beaucoup de silence. Les spectateurs clignent des yeux, redressent le dos, et émergent de leur sommeil cinématographique. L’heure est au verdict. Noces éphémères rêve ou cauchemar ? A la rédaction, le choix est fait depuis longtemps, tant le coup de cœur fut grand. Mais le public français est-il du même avis que nous sur la réussite de ces Noces éphémères...Pour Reza Serkanian, réalisateur du film, les réactions sont, dans l’ensemble, très positives : "Il y a à chaque fois un panel représentatif de la société qui arrive avec son lot d’enthousiasme, de chaleur, d’adhésion, de troubles, de peurs et de questionnements aussi". Car ce qui anime le film et attise le désir du public c’est bel et bien la force de suggestion du récit. A l’image rien n’est montré et pourtant tout se passe. Une subtilité de narration qui peut dérouter certains, tant les chemins proposés sont ouverts à la subjectivité , à la spéculation, et au jeu des imaginaires. C’est alors au spectateur et à lui seul de se faire son propre film. Une distance que le cinéaste a voulu et revendique comme nécessaire : ’"aujourd’hui on nous livre souvent du prêt-à-penser, du coup quand on laisse une vraie place au public et à sa réflexion, il se trouve déstabilisé voire désemparé au point de vouloir absolument s’entendre dire où se situe le réalisateur dans tout ce qui est raconté’", ’"dans le même ordre d’idée, à la fin du film, il y a deux images qui racontent évidemment quelque chose, et bien, on me demande souvent ce que j’ai voulu dire !".
Inassouvi, la passion de Kazem et Maryam dévore les personnages comme les spectateurs qui, peu habitué à de tels schémas, ne savent plus quoi penser. L’obsession du "savoir", de "l’explicite", de "l’acte" grandit, s’installe, et prend souvent le pas sur la compréhension. Mais pour le cinéaste, un tel engouement pour l’épanouissement du couple est plutôt une bonne chose : "c’est vrai que les gens semblent tellement du côté de ces deux êtres qu’ils ont envie d’un rapprochement entre eux. Leur désir est bien ressenti, et j’en suis ravi parce que c’est vraiment ce que je voulais mettre en exergue". Une esthétique du désir qui brûle l’image de ses nombreux regards échangés et continue de se consommer en un troisième œil : celui du public. Avec ces Noces éphémères, Reza Serkanian pose une méthode très participative faite de rencontres, pendant et après la projection. Un cinéma de l’attirance en somme, dans ce qu’elle a "de riche et d’humain". Au final, le mystère et le destin du couple intrigue bien plus que les paratextes sociaux, politiques, et religieux, pour le plus grand bonheur du cinéaste : "j’ai toujours du mal à vivre les questions politiques qui souvent arrivent au début des débats. Je ne pense pas que ce soit mon film qui les provoque mais bien l’image donnée de l’Iran par les médias, c’est un vrai regret…" Une situation inévitable tant les méconnaissances et les différences de ce pays installé à l’autre bout du monde, fascine, passionne et trop souvent, pousse à la stigmatisation. Et certains soirs, sans trop savoir pourquoi ni comment, la focalisation sur le contexte et sur le culturel change le ton du débat en polémique. Des confusions et des raccourcis se font. Des maladresses aussi : "ce qui me reste en tête ce sont ces gens qui trouvant l’Iran dure voire « étouffante » se contente de dire qu’ils sont bien en France…" Mais les Français ne sont pas les seuls à mitonner un fond de patriotisme. Les spectateurs iraniens ont eux aussi leur attentes et leurs limites. Si la plupart s’accordent sur le réalisme et l’authenticité de l’histoire, certains "trouvent néanmoins, fierté oblige, que je n’aurais pas dû le tourner, parce qu’ils ne supportent pas qu’on puisse donner une mauvaise image de leur pays, ce qui n’est évidemment pas du tout l’objectif. Ils auraient finalement aimé que je fasse un film plus promotionnel dirons-nous, ce à quoi je rétorque que je ne suis pas un réalisateur de films touristiques…".
Et d’autres soirs il y a ces petits moments de magie, quand le public confie "se sentir bien dans ces couleurs, dans ces décors, au milieu de cette famille" ou quand les demandes prennent encore au dépourvu, comme ce petit garçon "venu avec sa maman, qui voulait savoir combien avait coûté l’enterrement du grand-père" Tout est question de perspective "et c’est là que je vois l’importance d’accompagner un film. Tout le monde en ressort enrichi". Parfois c’est l’humanisme et l’universalité de l’histoire qui séduisent. Parfois c’est le décalage entre vie de famille et vie en société qui déstabilise. Parfois c’est la douceur inconnue de cette Iran lointaine qui trouble et désoriente . Et parfois, pour quelques uns, ce sont les préjugés et les clichés qui brouillent la lecture du film. Mais ce qui est sûr, c’est que jamais Noces éphémères ne laisse indifférent. Pour le meilleur et pour le pire. Avec plus de 12000 entrées en trois semaines et trente cinémas partenaires, cette bonne surprise continue son parcours en salles, à Paris comme ailleurs (voir ci-dessous). Un beau voyage qui devrait se continuer quelques temps encore, la tournée des débats se poursuivant jusqu’au mois de février prochain.
Pour retrouver les prochaines rencontres près de chez vous c’est ici :
http://www.jupiter-films.com/fiche-actualite.php?id=22
Pour trouver une séance du film dans votre cinéma c’est là :
http://www.allocine.fr/seance/film-188460/
Galerie photos
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