Munch - La chronique BD

Tout commence par une discussion sous l’emprise de l’alcool (et on en relatera d’ailleurs de nombreuses autres tout au long de l’ouvrage) au café Edvard Munch d’Oslo entre l’auteur et un de ses amis.

Comme promis à son compère Lars Fiske (avec qui il a confectionné une biographie d’Olaf Gulbransson), Steffen Kverneland ne s’appuie que sur des sources d’époque pour relater la vie tumultueuse de Munch et sa documentation balaye plus de 100 ans ainsi que des témoignages des contemporains du peintre.

Hyper documenté et adhérant à la réalité de la vie du grand peintre norvégien comme un huile sur la toile, cette BD est un fjord de richesse qui ne peut laisser de glace.
La couverture reprend le plus célèbre des tableaux du peintre, sous des traits caricaturaux assez obtus, voire même effrayant. Mais il fallait bien un coup de crayon aussi tumultueux et fou pour traduire la vie de bohème parfois trash du peintre.

Les dessins de Steffen Kverneland sont à l’image de la psyché du peintre : perturbés, impulsifs, obtus, instables, obstinés, insaisissables, inattendus pour nous Français qui ne connaissons presque rien du travail du caricaturiste.
Ses angles de vue sont abordés avec une mouvance qui entraine le lecteur dans le tourbillon de l’époque, des folles soirées de beuverie et frasques. où Munch excellait.
On peut cependant être rebuté par ce type de trait, tellement éloigné de celui rond et faussement enveloppant de Munch.
Plusieurs techniques sont cependant mêlées avec talent - jusqu’au réaliste, en passant par la photo -, la première partie plutôt claire et chronologique s’enchaine avec un retour en arrière pour l’acte II, ce qui peut perturber la compréhension de l’ouvrage.

La BD a reçu de nombreuses récompenses et est déjà traduit en plusieurs langues.
L’ouvrage est fort sympathique tout comme son auteur qui pratique largement l’autodérision à son propos, notamment lorsqu’il garantit que la confection de son ouvrage prendra maximum un an … et de nous gratifier d’une vignette le représentant en vieillard sept ans plus tard toujours penché sur les planches de son Munch.
Il aura donc fallu sept ans - chiffre symbolique qui plus est - à Steffen Kverneland pour bonifier cet ouvrage hors normes… c’est beaucoup plus de temps que sa capacité à flinguer une flasque d’aquavit semble-t-il…

Un ouvrage de référence qui devrait entrer dans toute bonne école d’art et bibliothèque qui se respecte.