Le 1er mars 2024
- Réalisateur : Paolo Taviani
- Voir le dossier : Nécrologie
Le cinéaste italien nous quitte six ans après son frère Vittorio. Ils avaient réalisé des films majeurs des années 70 et 80 dont Padre Padrone, Palme d’or à Cannes en 1977.
News : L’œuvre de Paolo Taviani est indissociable de celle de son frère Vittorio, avec lequel il a formé l’une des fratries les plus célèbres de l’histoire du cinéma. L’âge d’or de leur inspiration se situe dans les années 70 et 80, où ils ont incarné un cinéma à la fois politique et poétique. Après avoir été assistants de Roberto Rossellini et collaborateurs de Joris Ivens, les frères Taviani réalisent leur premier long métrage personnel, Un homme à brûler (1962), récompensé à Venise. En ces années 60, ils expérimentent et cherchent leur style, entre néoréalisme et fable socio-politique, avec des films confidentiels dont la dystopie Sous le signe du scorpion (1969), interprétée par Gian Maria Volonté et Lucia Bosè. L’attention est vraiment portée sur eux avec Saint-Michel avait un coq (1972) libre adaptation de Tolstoï, récompensée à Berlin ; et qui est suivi d’Allonsanfàn (Quinzaine des Réalisateurs 1974), avec Marcello Mastroianni et Lea Massari. Ces œuvres, épurées et austères, se veulent une réflexion sur l’anarchie et connaissent un vif succès critique. Les frères Taviani obtiennent ensuite la consécration avec Padre padrone qui remporte la Palme d’or au Festival de Cannes 1977, dont le jury est présidé par Rossellini. Ce récit d’un berger illettré qui devient écrivain concilie ascèse et lyrisme, et sera le plus grand succès public des réalisateurs. Après Le pré (1979), qui marque moins les esprits mais révèle Isabella Rossellini, les deux frères atteignent à nouveau le sommet avec La nuit de San Lorenzo (1982), Grand prix du jury à Cannes, et qui relate un événement tragique de la Seconde Guerre mondiale.
Le contemplatif Kaos, contes siciliens (1984) marque également la plénitude de leur art, tout comme Good Morning Babilonia (1987), présenté hors compétition à Cannes : cette fresque historique et romanesque, disposant d’un budget cossu et d’une distribution internationale, évoque les origines de la Mecque hollywoodienne. Les années 90 et 2000 sont plus difficiles pour les réalisateurs qui sombrent parfois dans l’académisme et dont les films rencontrent moins d’audience, du Soleil même la nuit (1990) au Mas des alouettes (2007), en passant par Les affinités électives (1996) ; la présence de stars (telles Nastassja Kinski et Isabelle Huppert) ne leur attire pas plus d’audience. Mais le très beau Fiorile (1993), en compétition officielle à Cannes, confirme qu’ils n’ont pas perdu la main. Leur résurrection artistique a surtout lieu avec César doit mourir, Ours d’or à Berlin en 2012, mise en abyme subtile sur le théâtre en prison. Les Taviani enchaînent avec Contes italiens et écrivent le scénario de Una questione privata. Mais Vittorio étant malade, Paolo en assure seul la réalisation (2017). La narration reprend le cadre de la Seconde Guerre mondiale pour « une grande œuvre de cinéma, âpre, décalée et passionnante » (Laurent Cambon). Après la mort de Vittorio, en 2018, son frère réalise son dernier film, Leonora addio, d’après Pirandello, honoré par le prix FIPRESCI à la Berlinale 2022. Paolo Taviani est décédé le 29 février 2024 à l’âge de 92 ans.
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