Le 9 juillet 2020
Les Roseaux sauvages fut d’abord un téléfilm commandé par Arte. Puis il devint un long métrage qui rafla quatre César. Fondée sur une mise en scène très sage, cette réalisation ne parvient pas à transcender son propos.
- Réalisateur : André Téchiné
- Acteurs : Élodie Bouchez, Stéphane Rideau, Jacques Nolot, Gaël Morel, Frédéric Gorny, Michèle Moretti
- Genre : Drame, LGBTQIA+
- Nationalité : Français
- Distributeur : Pan-Européenne
- Date télé : 9 juillet 2020 13:35
- Chaîne : Arte
- Box-office : 288.593 entrées France / 127.635 entrées
- Date de sortie : 1er juin 1994
- Festival : Festival de Cannes 1994
Résumé : En 1962, en pleine guerre d’Algérie, alors que les attentats de l’OAS se multiplient, l’intrusion d’un garçon pied-noir exilé va bouleverser la vie paisible de l’internat du lycée où il est accueilli.
Critique : Initialement prévu en tant que téléfilm d’une heure, suite à une simple commande d’Arte, dans le cadre de la collection Tous les garçons et les filles de leur âge, Les roseaux sauvages a ensuite été allongé pour devenir un long métrage qui densifie le croisement entre les relations intimes et la toile de fond historique (la guerre d’Algérie). Dès le début, les deux dimensions se rejoignent à travers la demande du frère de Serge, qui veut à la fois échapper à des obligations militaires et, sous l’effet de l’alcool, tente de flirter avec son ancienne enseignante. L’histoire entre Serge et François devient ensuite l’enjeu du récit, l’éveil à la sexualité se construisant pas à pas, à travers une entraide scolaire qui emprunte symboliquement des voies illégales, les deux camarades trichant sans vergogne. Les protagonistes se situent donc en marge et leur histoire le sera également, dans le contexte des années 60 où l’homosexualité était évidemment interdite par la société.
La découverte mutuelle des corps par des jeux nocturnes, les conversations intimes ont tôt fait de rapprocher les deux garçons, tandis que Maïté Alvarez, l’amie de François, demeure en dehors des sentiments amoureux. Mais elle finira par y céder.
S’inspirant de sa propre jeunesse dans les années 60, André Téchiné propose un long métrage soigné, mais dont le contenu ne se hisse jamais au-delà d’une certaine "qualité française", où les mouvements de caméra accompagnent sans originalité les sentiments des personnages, les gros plans validant les confessions de protagonistes ou leurs déchirements intimes, le naturalisme du jeu s’accommodant de certaines conventions (par exemple, les épanchements du zélateur de l’OAS Henri, le regard fixe, ombrageux, rivé vers le lointain ou une analepse au ralenti).
Les trois comédiens principaux sont effectivement mis en valeur par la caméra du metteur en scène, mais Elodie Bouchez se détache très nettement, avec une forme de vérité dans l’hésitation ou dans la conviction. Face à elle, Gaël Morel et Stéphane Rideau, chacun dans son registre, paraissent plus artificiels. Les atermoiement du jeune âge profilent des dialogues attendus, dans les magnifiques paysages du Sud-Ouest, dont la lumière est magnifiée par la photographie de Jeanne Lapoirie. Oui, Les Roseaux sauvages saisit quelque chose du malaise post-adolescent, au-delà d’un contexte politique tragique, mais tout se passe comme si le téléfilm n’avait jamais vraiment réussi à opérer sa mue pour devenir un véritable long métrage, la faute à une mise en scène plutôt sage (que les séquences en classe sont ternes, convenues !).
De la belle ouvrage d’un bon artisan, comme on dit, mais rien de plus. S’il faut chercher un vrai chef-d’œuvre sur la jeunesse, dans le cinéma français des années 90, c’est vers Rohmer et son splendide Conte d’été qu’il convient de se tourner.
A sa sortie, cette réalisation rafla quatre César : celui du meilleur film, du meilleur réalisateur, du meilleur scénario original et du meilleur espoir (pour Elodie Bouchez)
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133theatre 7 novembre 2018
Les Roseaux sauvages - André Téchiné - critique
L’APOGÉE DE LA PERVERSITÉ DE MR TAURAND :
Quand on avoue que le plus joli compliment que l’on puisse vous faire, c’est d’être aussi pervers que les personnages que l’on créé, il est certain que certains êtres humains ont de multiples facettes, et que leur vie serait tout autre si les masques tombaient... L’impunité des pervers narcissiques n’a pour seule limite que leurs victimes pensent qu’ils sont intouchables, autant qu’ils se persuadent eux même de l’être. Le narcissisme roi peut tout perdre et n’a peur de rien... sauf de l’humiliation !
L’obstination de torturer par amour est jouissif. S’obstiner sur une projection de ce que l’on ne sera jamais en toute impunité cela est source d’un ego démesuré, et que dire d’être reconnu publiquement de l’étalage artistique de ses exploits personnels à peine transposés... Malmoth serait intouchable !
Le talent de Monsieur Taurand couterait donc cher à ceux qu’il croise personnellement , ses victimes comme ses fantassins... Mais plus l’impunité semble contrôlée, plus dure est la chute !