Quand on a 17 ans - André Téchiné - critique

Critique : André Téchiné, 73 ans en 2016, revient une nouvelle fois sur le thème de l’homosexualité, mais ici du point de vue de deux jeunes adolescents. Sans effet narratif, comme à son habitude, ce film présente en trois chapitres (trois trimestres scolaires, autant de saisons) l’évolution des rapports difficiles de ces deux garçons, naviguant inconsciemment entre attirance et répulsion. La mère de Damien va involontairement servir de catalyseur aux sentiments éprouvés par son fils envers ce jeune auquel elle-même n’est pas insensible.
Tom, enfant métis adopté par des agriculteurs un peu rustres, se dévalorise constamment : comme fils, comme élève, à tel point qu’il refuse toute forme d’amitié avec ses camarades du lycée. Il vit l’intérêt que lui porte Damien comme une sorte de provocation qui ne débouche dans un premier temps que sur du rejet et des actes brutaux. Damien lui aussi cultive la violence comme seule réponse à ses interrogations sur son orientation sexuelle. Sa mère vit seule avec lui la plupart du temps, le mari militaire et pilote d’hélicoptère (Alexis Loret) est le plus souvent en mission à l’étranger. Ce relatif isolement et son bon cœur naturel vont la conduire à proposer à Tom un hébergement provisoire, pour lui éviter pendant l’hiver un trop long trajet pour se rendre au lycée. Elle ne comprend pas cette antipathie affichée que se vouent les deux garçons.
Sur un riche scénario coécrit avec Céline Sciamma, future réalisatrice de Portrait de la jeune fille en feu qui a marqué l’année 2019, André Techiné livre un long-métrage moderne, en phase avec son temps, qui, malgré sa douceur, n’évacue pas le motif de la violence.
Si les deux jeunes comédiens sont irréprochables, c’est Sandrine Kiberlain qui étonne (encore une fois) par son naturel sympathique, tout autant sérieuse que pleine de fantaisie, et représente l’idée qu’un adolescent pourrait se faire de la mère idéale.