Rose et noir
Le 24 septembre 2003
Une histoire d’amour et de dépendance sensuelle et acidulée.
- Auteur : Véronique Ovaldé
- Editeur : Actes Sud
- Genre : Roman & fiction
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Une histoire d’amour et de dépendance sensuelle et acidulée. Une écriture d’enfant terrible, ronde, magique, avec bulles sur les i et encre parfumée, mais faussement naïve et jamais innocente. Car Alice est pubère et son Wonderland n’est pas du Disney.
A sa sortie de prison, la jeune Lili est recueillie par Samuel, professeur de dessin et animateur pénitentiaire, une crème d’homme aux épaules rondes, gentil, protecteur, prévenant. Rien à faire, elle s’ennuie, elle n’arrive pas à croire à ce "merveilleux couple dans sa petite maison, ce merveilleux couple qui projette une jolie vie pleine de bébés muets et roses". Elle se tait pourtant, rajoute des couches au "raffiné mille-feuilles - non-dits, mensonges, silences, répétez l’opération jusqu’à l’écœurement". Le soir, elle se lève pour écouter la rue, "le chuintement des pneus, les sirènes lointaines et les milliers de grésillements de télés insomniaques" et pendant, la journée, elle va au zoo, voir "les éléphants, les loups pelés, les tatous et les bébés tatous ou le merveilleux okapi, à la tristesse singulière". Mais une nuit, les animaux s’échappent dans un silence de songe et le lendemain, à côté des cages vides, Lili entrevoit une ombre. Quelqu’un qu’elle connaît trop bien, le maître de ses rêves, de ses désirs, de ses peurs, vient la récupérer.
Après Le sommeil des poissons et Toutes choses scintillant, Véronique Ovaldé, trente ans, affine encore sa plume douce-amère, qui mêle ici les pastels de l’enfance, la sensualité des jeunes femmes en culotte Petit Bateau et les bulles de savon oniriques. Le tout évoque l’île des enfants perdus, mais des enfants pubères, Fantasia et Colette, Alice, la reine de Cœur et le lapin blanc, avec derrière le décor, derrière l’acidulé, le verni, le croquant, des ombres, des trous noirs, l’écho d’une douleur, un vide lancinant. On pense aussi beaucoup à l’univers du dessinateur de BD François Boucq (Bouche du Diable, Face de lune mais surtout La femme du magicien, pour sa galerie d’animaux mi-réels, mi-fantasmagoriques, peuplée de dodos et de lamantins) dont Véronique Ovaldé partage le même sens du graphisme : un trait dodu, charnel, gourmand (les grosses femmes genre soufflé à la fraise) qui vire parfois violent et cruel, du rose malabar au rouge sang.
Véronique Ovaldé, Les hommes en général me plaisent beaucoup, Actes Sud, 2003,135 pages, 15 €
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