Les liaisons dangereuses intégrale - La chronique BD

La rivalité des exploits amoureux entre la marquise de Merteuil et le vicomte de Valmont n’est plus à présenter. Incontournable de la littérature française, la correspondance de ces deux personnages libertins est devenue un classique, écrit par Laclos. Ses adaptations ont été nombreuses, notamment sur grand écran. Le manga se devait d’y apporter son écot, avec un shôjo très fin, discret et tout en non-dit, reprenant ainsi parfaitement les codes du roman. De nombreuses lettres y sont d’ailleurs retranscrites, tant l’épistolaire joue ici son rôle. Les avancées y sont racontées à la première personne, et les deux personnages se livrent entièrement. Cette édition intégrale regroupe les deux volumes, qui enserrent toute l’histoire. L’auteur ayant décidé de situer son action à l’aube de la Révolution française, quelques références y font allusion, les décors et les costumes se chargeant de l’illusion. Les personnages sont magnifiques, élancés, séducteurs ou candides, les yeux brillants ou embués de larmes, sans jamais tomber dans les mines comiques et simplifiées communes à certains mangas. Celui-ci reste sérieux du début à la fin, comme si la frivolité des discussions ne pouvait empêcher l’autorité de l’histoire et de la psychologie. Si les bonds dans le temps sont parfois fluctuants et peuvent faire perdre quelque peu pied par moment, le découpage en chapitres artificiels se fait sans heurts, et même avec grâce.

© Soleil

Le dessin pourrait paraître secondaire, tant l’intrigue, même connue, est importante. Il n’en est rien, puisque outre la marquise et le vicomte, Mme de Tourvel, Cécile de Volanges ou encore le chevalier Danceny viennent tour à tour égayer les pages de leurs figures lisses, où le noir et blanc n’empêche aucunement de se projeter dans les salons dorés du XIXe siècle et les jardins verdoyants des alentours de Fontainebleau. La délicatesse des traits et le raffinement des costumes met à l’aise le lecteur français, heureux de découvrir la fin de la royauté sous les traits japonais.

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Classique indémodable, les Liaisons dangereuses a reçu un bel hommage de la part de Chiho Saito, qui a brillamment fait revivre l’œuvre de Laclos sans la dénaturer, voire en conservant son esprit. Une jolie prouesse pour une auteur japonais, qui peut se targuer de connaître sur le bout des doigts une légende de la culture française.