Le 30 juillet 2021
Plaidoirie filmique nauséabonde en faveur de la peine de mort, Le Sang du châtiment est aujourd’hui renié par son auteur et on comprend bien pourquoi.
- Réalisateur : William Friedkin
- Acteurs : William Campbell, Michael Biehn, John Harkins
- Genre : Thriller, Film de procès
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Metropolitan FilmExport
- Durée : 1h37mn
- Titre original : Rampage
- Âge : Interdit aux moins de 12 ans
- Date de sortie : 23 novembre 1988
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Résumé : Tony Fraser, jeune district attorney, est aux prises avec un dangereux maniaque, Charles Edmund Reece, coupable de six meurtres terrifiants. Apres l’arrestation de Reece, le jeune policier va devoir se battre avec l’avocat de la defense qui pretend que son client est un psychopate.
Critique : N’y allons pas par quatre chemins, Le Sang du châtiment est une sombre mélasse apologétique en faveur de la peine de mort, sans honte et sans talent. Dans ce sinistre film, nous suivons la trajectoire d’un avocat qui doit convaincre un jury qu’un dénommé Charlie Reece est coupable de ses crimes, pour l’envoyer directement dans les couloirs de la mort. La hantise de la défense, c’est un verdict qui démontrerait l’irresponsabilité pénale de l’accusé, en raison de troubles psychiatriques. En tant que spectateur, on s’interroge et on se demande si un homme qui a trucidé, récolté les organes et siroté le sang de six personnes est un gars qui à la tête sur les épaules. Souffre-t-il de pathologies psychiatriques ? La réponse est évidente, mais William Friedkin tente d’orienter le spectateur afin qu’il épouse le raisonnement douteux de l’avocat. D’entrée de jeu, Le sang du châtiment nous prend pour des idiots et nous glace.
- Metropolitain FilmExport
Le réalisateur prend clairement position en faisant de l’avocat le héros de son film. A la manière des épisodes de New York Police Judiciaire, il enregistre platement des scènes de prétoires hallucinantes de bêtise crasse. Un exemple : dans sa plaidoirie, le bâtonnier demande à un psychiatre si Charlie Reece est fou. Le psy est catégorique, Charlie est schizophrène ! L’avocat prend alors l’exemple des crimes nazis (point Godwin) et interpelle le médecin expert : "Si vous deviez juger l’état mental des criminels nazis, vous diriez donc qu’ils étaient fous ?! Votre jugement conduirait donc à mettre des criminels dans des hôpitaux, au lieu de leur donner la mort ! On parle de gens qui ont conduit des hommes dans des chambres à gaz !!"
Cinq minutes après ce triste moment cinématographique, le juge s’adresse au jury : "Vous allez devoir délibérer. Si vous reconnaissez des troubles psychologiques à l’accusé qui aurait conduit ce dernier à ces meurtres, il sera déclaré irresponsable et sera interné dans une institution psychiatrique. Si vous le déclarez coupable, il ira à la chambre à gaz." Nous sommes face à un avocat qui condamne fermement la barbarie nazie dans le seul but d’envoyer un homme dans une chambre à gaz... Le summum de l’absurdité intellectuelle.
- Metropolitain FilmExport
Le plus triste, c’est que le scénario est de William Friedkin himself. Son Sang du châtiment regorge de scènes démagogiques qui nous expliquent qu’un assassin souffrant de problèmes psychologiques, même si c’est pas gentil, doit mourir pour le bien de tous. La démonstration du bien-fondé de la peine de mort est tellement bête et mal écrite qu’on a de la peine pour le réalisateur et le cinéma en général. La mise en scène est plan-plan, le rythme atone. Bref, il s’agit d’une dramatique erreur de parcours dans la filmographie passionnante de Friedkin.
Le Sang du châtiment est définitivement un long métrage condamné à végéter dans les couloirs de la mort du septième art.
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