Le 28 octobre 2022
Adapté du roman de Drieu la Rochelle, Le feu follet est sans doute le plus beau film de Louis Malle, d’une noirceur fascinante. Maurice Ronet y est prodigieux.
- Réalisateur : Louis Malle
- Acteurs : Jeanne Moreau, Henri Serre, Hubert Deschamps, Maurice Ronet, Alexandra Stewart, Yvonne Clech, Darling Légitimus, Bernard Tiphaine, Alain Mottet, Romain Bouteille, Jean-Paul Moulinot, Jacques Sereys, Mona Dol, Lena Skerla, Bernard Noël, Micha Bayard
- Genre : Drame, Noir et blanc
- Nationalité : Français
- Distributeur : Malavida Films , Lux Compagnie Cinématographique de France
- Durée : 1h49mn
- Reprise: 9 novembre 2022
- Date de sortie : 15 octobre 1963
- Festival : Festival de Venise 1963
Malavida propose au cinéma le 9 novembre 2022 la rétrospective « Louis Malle, gentleman provocateur partie 1 » qui réunit six restaurations Gaumont : Ascenseur pour l’échafaud, Les amants, Le feu follet, Viva Maria !, Le voleur et Le souffle au cœur.
Résumé : Les dernières quarante-huit heures d’un homme perdu. Alain quitte la maison de santé où il a suivi une cure de désintoxication. Lydia, sa maîtresse, une amie de sa femme Dorothy qui l’a quitté, veut l’aider. Alain se rend à Paris et commence à travers les bars et chez d’anciens amis une sorte de recherche de lui-même en remontant le passé. Au terme de ce pèlerinage, Alain va se préparer au grand départ. Sur la glace de sa cheminée il a inscrit une date et sur la table de chevet, le revolver est prêt.
Critique : Adapté d’un roman de Pierre Drieu la Rochelle lui-même inspiré de la vie de l’écrivain Jacques Rigaut (1898-1929), Le feu follet se situe dans la filmographie de Louis Malle entre Vie privée et le western d’aventures Viva Maria !, tous deux interprétés par Brigitte Bardot. Le feu follet demeure sans doute, avec Au revoir les enfants, son meilleur film. Il est à noter que le cinéaste est assisté à la réalisation par Volker Schlöndorff, qui deviendra spécialiste d’autres grandes adaptions littéraires, des Désarrois de l’élève Törless au Tambour. Abordant le thème du suicide, Malle distille une atmosphère tant oppressante que fascinante, sans être malsaine, à l’image d’Alain, son protagoniste, mélancolique et cynique, pathétique mais attachant. Tourné en grande partie à Versailles et dans les rues de la capitale (jardin du Luxembourg, Café de Flore et autres lieux du sixième arrondissement), le métrage peut, a priori, être assimilé à certaines œuvres de la Nouvelle Vague ayant opté pour un tel décor naturel et une immersion en mode « caméra trottoir », à l’image d’À bout de souffle de Godard (mais Melville et Clément avaient dès les années 50 expérimenté le procédé).
- © Malavida, Gaumont
On songe aussi à Cléo de 5 à 7 de Varda en voyant les déambulations d’un antihéros confronté à la deadline de l’approche, réelle ou hypothétique, de la mort. À la différence que Malle évacue toute digression (musicale ou référentielle), pour se concentrer sur un récit qui fait la part belle aux dialogues ou non-dits et miser sur la sobriété de mise en scène. On pense alors plutôt à une certaine ascèse bressonienne, une impression due aussi au jeu décalé ce certains interprètes (Léna Skerla dans le rôle de la maîtresse), mêlés toutefois à des comédiens chevronnés, de Jeanne Moreau (une courte séquence) à Bernard Noël ou Yvonne Clech. C’est que Malle ne saurait être assimilé à aucune chapelle, préférant des correspondances avec des cinéastes divers, et souhaitant se renouveler à chaque film. Le feu follet est en fait l’une de ces œuvres précieuses où le propos est en cohérence avec le style : utilisation pertinente de la musique de Satie, puissance des plans resserrés sur des visages ou des mains, perfection photographique avec le noir et blanc lumineux de Ghislain Cloquet.
- © Malavida, Gaumont
Il va sans dire que l’œuvre doit également beaucoup à Maurice Ronet, que Malle avait dirigé dans son premier long métrage de fiction, Ascenseur pour l’échafaud. L’acteur sera d’ailleurs marqué par ce personnage, auquel fera écho celui qu’il incarnera deux ans plus tard dans Trois chambres à Manhattan de Carné, d’après Simenon. Le feu follet fut récompensé par le prix spécial du jury au Festival de Venise 1963. En 2012, le réalisateur norvégien Joachim Trier proposera une autre adaptation (également réussie) du roman de Drieu la Rochelle, avec Oslo, 31 août, interprétée par Anders Danielsen Lie.
- © Malavida, Gaumont
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criss 28 octobre 2022
Le feu follet - Louis Malle - critique
Vu il y a longtemps......revu....re revu.
Superbe*********
criss 28 octobre 2022
Le feu follet - Louis Malle - critique
maurice ronet dans son plus beau rôle !