Le 2 novembre 2024
L’un des films les plus drôles et subtils de Quentin Dupieux, sarcastique mise en abyme sur les milieux du cinéma.
- Réalisateur : Quentin Dupieux
- Acteurs : Louis Garrel, Vincent Lindon, Léa Seydoux, Raphaël Quenard, Manuel Guillot
- Genre : Comédie
- Nationalité : Français
- Distributeur : Diaphana Distribution
- Editeur vidéo : Diaphana Édition Vidéo
- Date de sortie : 14 mai 2024
- Festival : Festival de Cannes 2024
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– Festival de Cannes 2024 : Sélection officielle, Hors compétition, Ouverture
– Sortie DVD/Blu-ray : 1er octobre 2024
Résumé : Florence veut présenter David, l’homme dont elle est follement amoureuse, à son père Guillaume. Mais David n’est pas attiré par Florence et souhaite s’en débarrasser en la jetant dans les bras de son ami Willy. Les quatre personnages se retrouvent dans un restaurant au milieu de nulle part.
- © Festival de Cannes 2024. Tous droits réservés.
Critique : Estimant avoir déjà beaucoup parlé de ses films, Quentin Dupieux a souhaité peu commenter Le deuxième acte. Ainsi tient-il à préciser dans le dossier de presse : « J’ai envie de me taire. Non pas par lassitude ou prétention, mais simplement parce que ce film, très bavard, dit avec des mots bien choisis tout ce que j’ai envie de dire et contient déjà de façon extrêmement limpide sa propre analyse. Il serait donc inutile d’après moi d’écouter un metteur en scène et ses comédiens paraphraser un film dans lequel tout est tout le temps dit et commenté en temps réel. » On reconnaîtra très vite la griffe de Dupieux dans cet opus s’inscrivant dans la lignée directe du précédent film, Daaaaaalí !, qui abolissait les frontières entre processus créatif et fiction. On peut y voir aussi le prolongement de Yannick au sujet de la réflexion sur les enjeux des métiers d’auteur et d’acteur ; ainsi que cet humour à la fois franc et pince-sans-rire, noir et désabusé, qui était à l’œuvre dans Mandibules et Incroyable mais vrai, sans leur dimension ouvertement fantastique, mais avec un dépouillement et une sobriété visuelle comparables à ceux du Daim.
- © 2024 Chi-Fou-Mi Productions - Arte France Cinéma. Tous droits réservés.
Il n’est pas aisé de dévoiler les enjeux du scénario, tant ses effets de mise en abyme doivent être découverts par le spectateur-lui-même, à l’instar (toute proportion gardée) d’un Psychose. On peut tout juste préciser que deux potes (Louis Garrel et Raphaël Quenard) tentent de nouer un pacte au sujet d’une jeune femme amoureuse de l’un deux (Léa Seydoux), tandis que cette dernière les rejoint, dans un bistrot, accompagnée de son père (Vincent Lindon). Marivaudage rohmérien ? Comédie campagnarde ? Étude de moeurs ? On évitera de spoiler mais on ajoutera juste que la piste du « film dans le film » est très vite dévoilée. Un sous-genre pas toujours facile à mener, mais qui a été à l’origine de réussites incontestables, de La nuit américaine de Truffaut à Coupez ! de Hazanavicius. Et le projet entrepris par Dupieux ne manque pas de panache. Les dialogues sont vifs, bien ciselés, souvent à double sens, et l’absurdité de certaines situations et de l’ambiance convoquent aussi bien des références internes (Au poste !) qu’externes, du théâtre de Ionesco à Buffet froid de Blier.
- © 2024 Chi-Fou-Mi Productions - Arte France Cinéma. Tous droits réservés.
Épurée et sans esbroufe (plans fixes, travellings sur des personnages discutant en marchant), la mise en scène de Dupieux séduit, et se met complètement au service de son propos. C’est que le film convoque des thématiques et économiques et sociétales actuelles, de l’intelligence artificielle aux effets #Metoo (libération louable de la parole, mais aussi paranoïa ambiante), de l’avenir du cinéma (un sujet rebattu depuis le passage au parlant !) à la nécessité de trouver un équilibre entre la lutte contre les discriminations et les dérives du wokisme. C’est ce qui fait la richesse du long métrage mais aussi sa limite. On aime davantage le Dupieux qui s’écarte du réalisme et des sujets dans l’air du temps. Cette réserve n’empêche pas de recommander fortement le film, en outre remarquablement servi par ses comédiens. Vincent Lindon est parfait comme à son habitude, et il est heureux de constater que les talents de Léa Seydoux et Louis Garrel se bonifient avec le temps. Quant à Raphaël Quenard, il confirme les espoirs mis en lui depuis Chiens de la casse. Mais la révélation est le moins médiatisé Manuel Guillot, étonnant en serveur (ou figurant ?) gravement perturbé. Présenté hors compétition en ouverture du Festival de Cannes 2024, Le deuxième acte est une réussite qui mérite de trouver un large public.
Gérard Crespo
Le test DVD
- © Diaphana
Image :
Format : Couleur, PAL. Le film tourné en numérique, et collant au plus près aux personnages qui lui échappent cependant parfois, tient aisément la route sur le petit écran. Quentin Dupieux dézingue ainsi, par le choix de cette manière de tourner, le monde du cinéma apparaissant le plus souvent plus rosse que rose. Les sous-titres en français et en français pour malentendants sont deux options louables.
Son :
Langue : Français. Le son se distingue avec un mixage Dolby Digital 5.1 réussi. C’est du beau travail avec un DVD sans le moindre accroc et des dialogues qui accrocheront le spectateur baladé entre fiction et réalité. Audiodescription pour aveugles et malvoyants.
Bonus :
Pour le cinéphile averti, le tout aurait pu être davantage étoffé au vu du régal qu’est le long-métrage :
– Making-of (de cinq infimes minutes) ;
– Bande-annonce.
Pas de quoi pavoiser par conséquent à notre plus grand regret.
Éric Françonnet
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