Un pneu raté
Le 28 mars 2024
Sorte de thriller mettant en scène un pneu tueur, mais également réflexion théorique sur le cinéma, Rubber hésite entre deux films.
- Réalisateur : Quentin Dupieux
- Acteurs : Roxane Mesquida, Jack Plotnick, Wings Hauser, Stephen Spinella, Daniel Quinn
- Genre : Comédie, Fantastique, Épouvante-horreur, Road movie
- Nationalité : Français
- Distributeur : UFO Distribution
- Durée : 1h25mn
- Date de sortie : 10 novembre 2010
Résumé : Dans le désert californien, des spectateurs incrédules assistent aux aventures d’un pneu tueur et télépathe, mystérieusement attiré par une jolie jeune fille. Une enquête commence.
Critique : C’est peu de dire que l’on attendait Quentin Dupieux au tournant après son fantastique Steak, petit bijou de comédie de l’étrange dotée d’une mise en scène étonnante (scènes étirées, quasiment aucun champ-contrechamp) et d’une ambiance unique. Et c’est pourquoi Rubber ne peut-être qu’une déception. Ça commence pourtant très bien avec une première scène très drôle où un personnage explique, face caméra, que les plus grands films comportent souvent des choses qui n’ont pas de raison, arguant que la vie, elle-même, admet des choses inexpliquées (comme le fait que l’on ne voit pas l’air qui nous entoure). Cette hilarante démonstration fait en réalité office de mise en garde pour prévenir le spectateur que ce qu’il va voir n’aura aucun sens. Cet avertissement se veut d’ailleurs double puisqu’il s’adresse également à des personnages qui regardent en direct le même film que nous, à l’aide de jumelles.
D’un côté, on a donc le droit à un road movie sanglant, où le héros se révèle être un pneu tueur, et de l’autre, une sorte de mise en abyme plus conceptuelle que véritablement vertigineuse. C’est dommage car Dupieux semble en fait hésiter entre deux films, dont l’un, qui renvoie à son moyen métrage Nonfilm, n’en est pas vraiment un, du reste. Pour le dire simplement, on se serait bien passé de cet envers du décor qui apparaît uniquement comme un moyen de faire passer la pilule à cette histoire incroyable, là où l’on aurait aimé que le réalisateur s’investisse totalement dans l’absurde. D’ailleurs, les séquences avec le morceau de caoutchouc s’avèrent être, de loin, les plus belles du film (la naissance du pneu, grand moment). Quelques secondes suffisent pour qu’on le croit vivant et qu’on se trouve embarqué dans son meurtrier périple.
Intégralement tourné avec un Canon EOS 5D Mark II, Rubber prouve par ailleurs que l’on peut tourner un long-métrage avec un appareil photo. Visuellement, il offre en effet des plans fabuleux (les couchers de soleil) et une intéressante profondeur de champ. Hélas, si on se souviendra de Rubber comme l’un des premiers (le premier ?) films réalisés avec un APN, on risque de très vite oublier cet exercice de style qui se regarde le nombril. Pour son prochain, on espère que Dupieux tranchera et plongera la tête la première dans la fiction. Steak et certaines images de Rubber ont prouvé qu’il avait un vrai sens du cinéma.
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roger w 21 septembre 2010
Rubber - Quentin Dupieux - critique
Evidemment, l’ensemble est original et l’aventure du pneu est fort sympathique, notamment dans sa volonté parodique, ainsi que dans son aspect gore. Pourtant, la mise en abime opérée par le cinéaste est maladroite et même énervante. Cette volonté de se donner un alibi intello ne sert vraiment à rien et empêche Rubber d’être un bon gros Z décompléxé. Dommage.
Frédéric Mignard 24 septembre 2010
Rubber - Quentin Dupieux - critique
Un peu creux, sûrement vain, terriblement lent. Bref, l’authentique film concept qui ne vaut pas un pneu, même tueur. Reste une musique qui captive plus que son intrigue.
Jujulcactus 5 décembre 2010
Rubber - Quentin Dupieux - critique
Aussi décalé que difficile à critiquer, « Rubber » est une oeuvre unique ! L’histoire d’un pneu qui se promène dans le désert américain, qui roule, qui roule, qui fait sauter une tête, qui roule ... Un peu lassant par son côté redondant, et parfois imcompréhensible (la place du public assez énigmatique...) je dois avouer que j’ai quand même apprécié cette balade atypique aux côtés de ce pneu plus humain qu’il n’y paraît ! Un « No reason » efficace, même si on a le sentiment que Quentin Dupieux aurait pu amener son idée beaucoup plus loin, pour éviter l’errance d’un pneu qui n’est pas loin de lasser... Un court métrage aurait certainement suffit mais on ne boudera pas son plaisir devant le décalage d’un tel film, surtout qu’il possède de réelles qualités de mise en scène. Culotté et intéressant.
Norman06 18 décembre 2010
Rubber - Quentin Dupieux - critique
Insolite et sarcastique, cette production oscille entre la série B référentielle et l’exercice de style poétique. Même si l’auteur aurait pu aller plus loin, le charme de cet univers absurde et fantasmatique est indéniable. Prometteur !