Le 30 juin 2024
Yannick est assurément un film attachant où Dupieux mêle le réel à la fantasmagorie. L’occasion aussi d’accompagner l’étoile montante Raphaël Quenard.
- Réalisateur : Quentin Dupieux
- Acteurs : Pio Marmaï, Blanche Gardin, Raphaël Quenard, Sébastien Chassagne, Agnès Hurstel
- Genre : Comédie, Comédie noire
- Nationalité : Français
- Distributeur : Diaphana Distribution
- Editeur vidéo : Diaphana Édition Vidéo
- Durée : 1h07mn
- Date télé : 30 juin 2024 21:00
- Chaîne : Canal+
- Date de sortie : 2 août 2023
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– Sortie DVD/Blu-ray : 5 décembre 2023
Résumé : En pleine représentation de la pièce « Le Cocu », un très mauvais boulevard, Yannick se lève et interrompt le spectacle pour reprendre la soirée en main...
Critique : Tout Parisien qui sort un peu connaît, au moins de nom, les Bouffes Parisiens. C’est dans ce théâtre mythique que Quentin Dupieux installe sa caméra pendant près d’une heure dix où il s’ingénie à mélanger une pièce et ce qui pourrait être une pièce dans une pièce, à savoir l’intervention pour le moins tapageuse d’un spectateur. Et ce spectateur ressemble à monsieur Tout-le-Monde ; en tous les cas, il est bien loin des clichés du bobo parisien, il habite Melun, et quand il va au théâtre, c’est pour se délasser d’une activité professionnelle éprouvante et d’un quotidien pas toujours facile. Yannick est un film plus politique qu’il n’en paraît. Une référence peu subtile au couple élyséen n’en est pas la seule raison. L’enjeu est philosophique. L’art est-il fait pour plaire ? L’art populaire existe t-il ? Autant de réflexions qui doivent nourrir le débat au moment où les salles se désertent au profit du consumérisme des écrans et où les troupes de théâtre peinent à survivre.
- YANNICK©ATELIER DE PRODUCTION - CHI-FOU-MI PRODUCTIONS-QUENTIN DUPIEUX-2023
Mais Yannick, c’est d’abord une leçon de mise en scène. Les principaux comédiens donnent à voir tout le talent dont ils sont capables, jusqu’à réciter pour Pio Marmaï et Blanche Gardin un texte médiocre en se faisant passer pour de mauvais acteurs. Bien sûr, il y a Raphaël Quenard. Le petit génie de la comédie du moment surgit des sièges du théâtre, et prend toute la place. Il revendique le droit à l’amusement, le droit à des pièces qui lui ressemblent. Il revendique surtout le droit à la reconnaissance, son existence se réduisant à un travail de nuit et apparemment une grande solitude affective. Pendant toute la pièce, on se demande si cette intervention n’est pas une réécriture de la pièce, les spectateurs étant venus regarder non pas une vulgaire histoire d’adultère, mais une prise d’otage fantasque dans un espace de culture.
On se marre bien, c’est certain. Les textes écrits par Quentin Dupieux, comme d’habitude, n’ont pas peur du ridicule. Le fameux théâtre de la rue Monsigny devient un espace d’expression et de liberté, à l’image d’Offenbach et de Brialy qui ont tant marqué l’histoire des Bouffes Parisiens. La force de Quentin Dupieux est dans sa capacité à réinventer le cinéma dans des comédies autant cyniques qu’absurdes. Le réalisateur ne se moque jamais des gens. Au contraire, il fabrique un cinéma respectueux, ravageur, qui force à la tolérance. Les gens de peu, dirait le sociologue, constituent la matière première de son écriture où se mélangent le rire, la cruauté du monde et la tendresse. Yannick est tout à la fois, porté de surcroît par des acteurs brillants.
- YANNICK©ATELIER DE PRODUCTION - CHI-FOU-MI PRODUCTIONS-QUENTIN DUPIEUX-2023
On sait que le film a été tourné en très peu de jours. C’est peut-être cela qui explique une fin assez déconcertante. En même temps, et sans en révéler le contenu, l’issue du long-métrage témoigne de quelque chose de l’atmosphère sociale qui règne en France depuis la crise des gilets jaunes. Il y a presque un paradoxe entre cet énergumène fragile, assoiffé d’un théâtre du bonheur, et la réponse que lui opposent les comédiens et la société. Seuls les spectateurs, à l’exception de quelques-uns, comprennent dans ce personnage qu’il y a beaucoup d’amour, de sincérité et de vérité. Yannick aura su nous faire rire et c’est là l’essentiel.
Le test DVD
Image :
L’image doit une grande partie de son mérite à un éclairage s’ajustant à merveille. Le fait de se croire en plein milieu d’une représentation théâtrale dégoupillée telle une grenade fonctionne pour notre plus grande hilarité.
Son :
Nous sommes dans une dimension sonore d’une grande fluidité alors que le film n’est pas dénué de rebondissements. Une pensée pour la regrettée Emahoy Tsegué-Maryam Guèbrou au piano (rare musique du film).
Compléments :
Ils sont nombreux et enrichissants et auront de quoi contenter les cinéphiles les plus gourmands même au sortir des fêtes (c’est toujours bon de satisfaire ses neurones) :
– Entretien avec Quentin Dupieux et Raphaël Quenard ;
– Scènes de répétition ;
– Le film commenté par Quentin Dupieux ;
– Teasers ;
– Crédits.
Galerie photos
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