Mandibules - Quentin Dupieux - critique

Critique : Pas de surprises, les personnages de Mandibules sont simples d’esprit, naïfs et flirtent avec la légalité. Lorsque Manu, qui dort dans un sac de couchage sur une plage, se voit confier une mission pour gagner 500€, il n’hésite pas une seconde. Il récupère son pote Jean-Gab et l’embarque dans l’aventure. Il était loin de se douter qu’une mouche allait alors changer totalement ses plans.

© Memento Films Distribution. Tous droits réservés.

On le sait, le cinéma de Dupieux ne se regarde que si l’on accepte l’invraisemblance, l’absurde, parfois même le grotesque. Dans ce long métrage, les idées sont bien présentes et la mise en scène sert clairement son histoire, qui est avant tout une histoire d’amitié. Les deux compères, livrés à eux-mêmes dans la précarité, se rattachent à un espoir, devenir riches en faisant le minimum d’efforts. C’est à ce moment-là que l’enchantement prend : alors que les situations devraient être tendues – que peuvent-ils faire lorsque la faim les tiraille ?- ou dramatiques – un incendie involontaire par exemple – le réalisateur et scénariste, par une pirouette, conserve la légèreté du film pour mieux progresser dans son histoire.

Même si certaines scènes sont quelques peu surjouées, notamment par les deux acolytes du Palmashow, David Marsais et Grégoire Ludig, c’est pour mieux souligner qu’il ne s’agit que d’invraisemblance, à nous de nous laisser embarquer. Ils ont certes le cheveux gras, la coupe mulet, une hygiène douteuse, sont marqués par l’idiotie, mais, au final, ils sont heureux. Adèle Exarchopoulos, dans un rôle tout à fait à contre-emploi, égaye le film sans commune mesure, parfaite dans le rôle d’une jeune femme handicapée dans son élocution, mais qui parvient à voir les choses telles qu’elles sont mieux que personne. Pour elle aussi, le bonheur ne se retrouve qu’en découvrant le non-sens.

© Memento Films Distribution. Tous droits réservés.

Au final, la réalisation s’attarde davantage au réalisme des détails qu’au déroulement de l’histoire. La mouche, par exemple, est un corps, une marionnette, avec laquelle les acteurs vont pouvoir interagir. Là où l’animation aurait pu l’emporter, sa matérialité la rend tout aussi sympathique que ses compères, comme un animal domestique. L’effet était voulu.

© Memento Films Distribution. Tous droits réservés.

Alors oui, ce film est sans doute l’un des plus légers de la filmographie de Quentin Dupieux, presque nostalgique de tant d’insouciance. Mais il reste un film qui nous fait rire sans se moquer, dans un moment où la gravité a envahi nos quotidiens. C’est frais et ça fait du bien, comme de saluer un vieux copain par un signe complice en vacances sur la Côte d’Azur.