Le dormeur du Wald
Le 25 février 2005
Le Berlinois laisse infuser sa pop subtile dans les dérapages apparemment incontrôlables de son charme si particulier.
- Artiste : Hecker, Maximilian
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Même s’il propose à ses ladies de dormir, c’est souvent Maximilian Hecker lui-même qui donne l’impression de se réveiller en sursaut au sein de sa pop subtile, jouant depuis trois albums maintenant sur les variations de volume, les enchaînements calme-tempête, et les apparitions soudaines de sa voix suraiguë.
On l’imagine dans une forêt noire allemande, tapi dans l’ombre, guettant son auditeur au détour d’une montée de piano (Anaesthesia) ou d’une déflagration rock (Yeah, eventually she goes, dernier vestige de sa passion pour My Bloody Valentine). Car même si le bonhomme s’est calmé, même si Lady sleep est sans doute son disque le plus posé, sa pop maniérée reste viscéralement indomptable, insoumise. Sur l’ouverture Birch, par exemple, on voudrait entendre la tension qui grandit éclater ; on tente alors vainement d’augmenter le volume, espérant ainsi accélérer le processus, mais qu’obtient-on en retour ? Un délicat petit pont au piano, à peine audible ! Parfois, on en vient à se demander même si le grand Max fait vraiment exprès...
Mais ceci fait partie du charme incontestable de sa musique, tout comme sa voix, grand mystère de beauté nébuleuse. Le Berlinois fait partie de ces chanteurs peu nombreux (Thom Yorke en est l’autre exemple éclatant) que l’on n’a pas besoin de comprendre : leur élocution qui traîne, leur accent, confèrent à leur voix un pouvoir magique inaltérable. Ils sont également immédiatement identifiables, et marquent ainsi leur musique d’un seing privé. Sur le grandiose Full of voices, Hecker développe des mélopées autour d’une guitare acoustique vite rejointe par un trio piano-basse-batterie, et sa voix atteint des sommets. Pourtant, ce qu’il dit reste totalement nébuleux. Sur le single Help me, joué à deux à l’heure, une atmosphère religieuse accueille un piano plaintif et la voix miséreuse de Hecker s’étire en longueur pour finir par lâcher "Help me". Il n’y a que lui pour oser encore sortir un single pareil, voué à l’échec radio et à l’échec tout court, maintenant que les quarts d’heure américains ne font plus recette.
Une raison de plus pour cultiver notre passion pour ce songwriter particulier, qui ose mettre ses défauts au service d’un charme incertain mais irrésistible.
Lady sleep, Maximilian Hecker (Kitty-Yo/Pias)
Tracklisting :
1 Birch
2 Anaesthesia
3 Summer days in bloom
4 Daze of nothing
5 Everything inside me is ill
6 Full of voices
7 Help me
8 Snow
9 Dying
10 Yeah, eventually she goes
11 Lady sleep
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