Lady Gaga : pompage et décadence

Et si Lady Gaga n’avait finalement pas grande personnalité ?

Après quelques clips virtuoses et audacieux, la Gaga revient avec le troisième extrait de Fame Monster. On attendait cette suite avec intérêt, tant l’aspect grandiloquent de ses vidéos rafraichissait un genre télévisuel complètement dépassé. Reste que cette fois-ci, on reste un peu sur notre faim. Et si Lady Gaga n’avait finalement pas grande personnalité ?
A force de sampler, de rendre hommage à ses idoles via des emprunts drôles, des clins d’oeil musicaux et visuels, on finit par croire que la Gaga ne fait que passer au crible succès et échecs des gloires passées, pour répéter leurs succès et éviter leurs échecs.
Avec Alejandro, elle emprunte le grand pote de Madonna, le photographe Steve Klein, et lui permet de réaliser son premier clip. N’avait-elle pas déjà travaillé avec Jonas Akerlund juste avant ? Le message est d’ores et déjà manifeste - s’approprier de façon ostenstatoire les quelques noms qui ont glorifié l’iconographie récente de la madone pour mieux s’imposer comme la reine du moment.
Cette manœuvre ne serait pas forcément malhonnête si l’intégralité de son dernier clip n’empruntait pas à toute l’iconographie homoérotique dont Madonna a usé et abusé dans les années 80. Jouant visiblement sur le même public, les fans gays qui ont suivi la Ciccone contre vents et marées (un bon plan de carrière sur du long terme), elle revient à l’ambiance Mondino des années 80 et au rapport de domination de la femme et de l’homme avec des plans multiples qui ressemblent de manière troublante à Express yourself. Sachant que le clip brillantissime et révolutionnaire en son temps signé David Fincher a lui même été copié récemment pas Christina Aguilera pour un hommage explicite, on peut se lasser de cette incessante dynamique de la répétition.

Depuis Britney qui se lâchait en essayant de casser son image proprette (un classique du plan de carrière déjà testé par Kylie Minogue au tout début des années 90 pour s’extirper avec sensualité de son rôle de chanteuse pour ado), la plupart des queens-to-be, ces princesses de la pop qui veulent briller plus haut que le firmament, toutes reproduisent les même formules, mais chez Gaga, le copié-collé tourne à la névrose (dans Alejandro, on a même le droit à la provocation religieuse, époque Like a prayer, voire celle de Mylène Farmer par bien des aspects).
Non, certes, c’est superbement réalisé, cela se situe sûrement à des années lumière de toute la médiocrité des vidéo-clips contemporains, mais cette fois le réchauffé et l’insupportable sentiment de déjà-vu lasse. Comme si la révolution sexuelle de Madonna des années 80-90 n’avait servi à rien. Vingt ans plus tard, l’Amérique est toujours là, à afficher un visage mi-choqué mi-fasciné face aux cocasseries nymphomanes de starlettes en tous genres. Le seul truc en plus, c’est que la Gaga y a rajouté une bonne dose de bling bling et de défonce à l’alcool... Des références donc !!! Les ados rebelles en manque de personnalité ne pourront qu’apprécier. Et nous bâiller.