La correction
Le 24 novembre 2004
Premier roman et fulgurant coup de maître ! Dix ans avant les Corrections, Franzen démontrait allègrement la portée de son talent.
- Auteur : Jonathan Franzen
- Editeur : Editions de l’Olivier
- Genre : Roman & fiction
- Nationalité : Américaine
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On se souvient du succès phénoménal des Corrections lors de la rentrée littéraire 2002. L’onde de choc étant passée, les éditions de l’Olivier rééditent le premier roman de Jonathan Franzen, d’abord publié dans une version "light" en 1992 par les éditions Fixot. Il faut dire que dans son intégralité cet ouvrage ne pèse pas moins de 700 pages. Une broutille pour un écrivain comme Franzen, qui semble décidément préférer les lignes bien serrées aux grands espaces.
D’ailleurs, cela se ressent à la lecture de cette Vingt-septième ville, en d’autres termes Saint Louis, cité moyenne et grise, classée vingt-septième sur l’échelle des villes américaines qui comptent au milieu des années quatre-vingt. La ville donc, comme lieu étriqué, là où se concentrent les pouvoirs et les clans, les conflits d’intérêt et d’argent. Franzen souhaite éclairer de l’intérieur les rouages d’un complot politico-financier. Pas d’une lumière crue et violente, mais plutôt par petits coups de projecteurs successifs sur chacun des personnages. Au cœur de ce roman, il y a Jammu, la nouvelle responsable de la police tout juste débarquée de Bombay et Martin Probst, un homme intègre et naïf, chef d’une entreprise de BTP et membre du conseil municipal de la ville.
Bientôt, on va s’apercevoir que le centre de Saint Louis n’est plus occupé que par les classes les plus pauvres, les exclus de tous horizons, s’opposant en cela à la banlieue proche où les classes aisées se réfugient en masse. Quelqu’un est-il à l’origine de cette migration ? Evidemment, il est tentant pour des promoteurs immobiliers de racheter des logements à bas prix quand on est dans le secret des dieux et que l’on sait que la valeur de ces pierres ne tardera pas à exploser. Franzen ne fait pas dans la dentelle pour démonter les rouages pourtant impeccablement crénelés de la société américaine. En se penchant sur le trafic d’influences, le rôle des flics ou les magouilles à petite échelle, il dresse un tableau sanglant d’une ère régie par l’égoïsme, le clientélisme et évidemment le roi dollar.
D’un ton toujours très acide, il forme plusieurs tableaux disséminés les uns à la suite des autres avant de recoller tous les morceaux de ce puzzle. Aucune indulgence pour ce pays qui symbolisait encore une certaine idée du rêve et de l’émancipation, tant du point de vue des pratiques que des mœurs. Les personnages se suivent et se ressemblent, tous corrompus ou corruptibles, fascinés par le pouvoir et le luxe. En même temps qu’une longue histoire sur les coulisses du pouvoir, Franzen dresse un constat consternant de ce que sont devenus ses compatriotes. On ne peut pas dire que ça aille en s’arrangeant.
Jonathan Franzen, La vingt-septième ville, (The twenty-seventh city, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Jean-François Ménard), Ed. de l’Olivier, 2004, 706 pages, 22 €
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