Avec ce premier roman, Dantec annonçait la couleur et frappait très fort. La sirène rouge, c’est un polar en forme de "road movie", la longue fuite d’une fillette de douze ans et de Hugo Cornélius Toorop (que l’on retrouve dans Babylon Babies), un soldat professionnel. Mercenaire engagé dans une armée de l’ombre, il lutte contre l’invasion serbe en Bosnie et la purification ethnique. Ce tandem se retrouve embarqué dans une longue course contre la montre entre Amsterdam et le sud du Portugal.

La fillette, c’est Alice, douze ans, qui s’est enfuie de chez sa mère. Sa mère, une business woman, autoritaire, caractérielle, richissime, qui s’est taillé une solide réputation grâce à un trafic de snuff movies. Et c’est ça, justement, dont Alice s’aperçoit. Elle se réfugie dans un commissariat pour demander l’aide d’Anita, une fliquesse qui va tout déployer pour démêler le réseau complexe et tentaculaire de la maléfique Eva Kristensen. Pour retrouver sa fille, elle lance à ses trousses une armée de tueurs. Et c’est sous la protection de Hugo que la petite Alice va tenter de rejoindre son père.

Dantec réussit son coup. Il maîtrise parfaitement son sujet et cette histoire, pleine de suspense et de rebondissements, contient déjà les obsessions récurrentes de l’auteur. Mais ici, la politique sert habilement le récit et Dantec ne se noie pas dans des considérations interminables. Il s’agit avant tout d’un polar de facture classique, inscrit en plein dans la décadence de la fin du vingtième siècle. Adapté au cinéma en 2002 par Olivier Megaton, La sirène rouge expose la dégénérescence et la déviance des hommes. Et pour parler de ce genre de choses, on sait que Dantec est bien placé !