Monstress . T.3 . Erreur fatale - La chronique BD

Troisième volume, toujours aussi imposant et absorbant, de la série Monstress, qui continue de narrer une trame mystique et épique dans un univers fantastique unique. Unique, grâce à une complexité, un réseau d’intrigues et de personnages qui défilent, qui se détruisent ou se jaugent, comme on en voit peu (ou pas) dans le format comic ou BD. Unique, par la primauté accordée aux personnages féminins, puisque dans ce monde, tous les postes de pouvoirs sont accaparés par des figures féminines, impératrice, reine, déesse, amirale ont remplacé les habituels titres réservés aux hommes. C’est un chamboulement qui aurait dû être réalisé plus tôt, et pas seulement lorsqu’on parle d’une société isolée amazone ou un petite royaume matriarcal. Pas question de résumer Monstress à cet élément, mais il faut reconnaître que son originalité passe par là. Par le talent de conteuse de Marjorie Liu, qui sait proposer au fur et à mesure des chapitres une intensité épique, des fulgurances démoniaques et des combats indécis. Sans oublier les célèbres chats philosophes qui continuent d’expliquer le monde par de petites et comiques pages.

Marjorie Liu, Sana Takeda / Delcourt

Sana Takeda a fait un travail monstrueux pour donner vie à cet univers terrible. Le côté manga aux traits Art déco du premier tome avait laissé place aux os et à la nécropole antique, puis désormais à une ambiance piratesque et pittoresque, où la violence n’est pas étrangère. On retiendra les démons anciens avec leur look pas loin d’un Locke & Key, et on pourrait presque reconnaître une vulve géante dans l’Ancien revenu d’une autre dimension, si l’on cherche bien. De quoi alimenter le côté féminin de l’ouvrage, mais qui encore une fois n’est pas réducteur, tant il participe seulement à la constitution d’une œuvre à la fois moderne et homérique.

Marjorie Liu, Sana Takeda / Delcourt

Avec un scénario aussi passionnant et un dessin aussi fabuleux, pas étonnant que Monstress ait reçu autant de louanges et de prix. Pas de raison que cela s’arrête avec ce troisième titre, Erreur fatale n’en est clairement pas une...