Amours épistolaires
Le 29 septembre 2010
Les deux derniers films d’Eugène Green réaffirment superbement sa croyance en la vertu magique des mots et du cinématographe.
- Réalisateur : Eugène Green
- Acteurs : Adrien Michaux, Leonor Baldaque, Diogo Dória
- Genre : Drame
- Nationalité : Français, Portugais
- Distributeur : Bodega Films
- Plus d'informations : http://www.bodegafilms.com/actus.ph...
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– Durée : 2h02mn + 0h39mn (DVD)
– Titre original : A religiosa portuguesa
Les deux derniers films d’Eugène Green réaffirment superbement sa croyance en la vertu magique des mots et du cinématographe.
L’argument :
– La religieuse portugaise Julie de Hauranne, une jeune actrice française parlant la langue de sa mère, le portugais, mais qui n’a jamais été à Lisbonne, arrive dans cette ville où elle doit tourner dans un film inspiré des Lettres portugaises de Guilleragues.
Elle se trouve vite fascinée par une religieuse qui vient prier toutes les nuits dans la chapelle de Nossa Senhora do Monte sur la colline de Graça. De plus en plus absorbée par la ville, la jeune femme y fait toute une série de rencontres qui, à l’image de son existence antérieure, semblent d’abord éphémères et sans suite...
– Correspondances
Virgile, dix-sept ans, contacte par e-mail Blanche, une jeune fille de son âge. Il lui écrit qu’ils ont dansé ensemble un jour dans un bal et qu’il est tombé amoureux d’elle. Mais Blanche ne garde aucun souvenir de lui. Chacun dans sa chambre, ils continuent à correspondre.
Notre avis :
– La religieuse portugaise
Le quatrième long métrage d’Eugène Green est sans doute sa plus belle réussite depuis Toutes les nuits. Foncièrement baroque, avec ses jeux de miroir et ses vérités paradoxales, il poursuit la démarche esthétique des films précédents et traque le mystère avec des moyens d’une désarmante simplicité. Les dialogues très explicites et le choc des gros-plans frontaux, qui se succèdent brutalement quand les échanges verbaux deviennent intenses, sont des maladresses assumées avec une audace tranquille.
Les artifices de la méthode Green sont (avec Lisbonne, le fado et la rayonnante Leonor Baldaque) les outils d’une poésie artisanale qui nous persuadent des vertus magiques du cinématographe.
Lire la critique de Marine Bénézech : (ICI)
– Correspondances
Ce moyen métrage de 39mn réalisé en 2007 pour le festival de Jeonju associe l’éclairage à la bougie à l’écran d’ordinateur sur fond de lamentations baroques (les Vêpres de la Vierge de Monteverdi) avant de recomposer l’histoire de Virgile et de Blanche (et du fantôme d’Eustache) à partir de fragments : voix off, gros plans de visages, de mains, d’objets (deux bonnets de laine, un rouge, un bleu ; un tableau d’Antonello de Messine ; une rose rouge dans un vase ; une photo d’Irma Vep) et de tableaux vivants muets. Minimaliste et d’un pouvoir d’évocation intense.
Le DVD
Disponible depuis le 22 septembre sur le site de Bodegafilms, amazon.fr ou en magasins, le DVD de La religieuse portugaise permet de voir et (surtout) de revoir ce film dans d’excellentes conditions et offre de précieux compléments de programmes.
Les suppléments
Deux bonus indispensables :
– Le cinéma comme révélation du caché
Lors d’un entretien de 23 minutes avec Jean-Baptiste Morain, critique aux Inrocks, Eugène Green parle de ses affinités avec la culture portugaise et de sa découverte longtemps différée du pays. Il revient de manière fort claire et didactique sur sa démarche esthétique, le baroque, la puissance du verbe, le refus de la psychologie et les vertus de la diction anti-naturelle (les fameuses liaisons).
– Correspondances
C’est évidemment la pièce maîtresse de la partie suppléments. Elle justifie à elle seule l’acquisition du DVD.
– Signalons que le texte complet du scénario accompagné d’un journal de tournage, d’un entretien et de photos à été publié aux éditions Diabase (172 pages, 16 euros).
Image
La belle photo de Raphaël O’Byrne, qui parvient à capter le mystère paradoxal d’une ville baignant dans une lumière presque aveuglante ou d’intérieurs éclairés au candélabre, est fort bien restituée. L’image de Correspondances (également signée O’Byrne) est simplement splendide : définition impeccable et éclatante franchise des couleurs.
Son
Le dolby surround donne la présence indispensable aux voix, aux bruits de la ville et aux séquences musicales (trois superbes fados chantés live devant la caméra). Sous-titres en français (les trois quart des dialogues étant en portugais) ou en anglais.
Galerie Photos
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