Le coeur est un chasseur solitaire
Le 4 août 2009
Une œuvre ambitieuse sur la séduction et les femmes par le dernier franc-tireur de la Nouvelle Vague.
- Réalisateur : Jacques Rivette
- Acteurs : Michel Piccoli, Guillaume Depardieu, Jeanne Balibar, Bulle Ogier, Marc Barbé
- Genre : Drame
- Nationalité : Français
- Date de sortie : 28 mars 2007
– Durée : 2h17mn
Une œuvre ambitieuse sur la séduction et les femmes par le dernier franc-tireur de la Nouvelle Vague.
L’argument : Antoinette (Jeanne Balibar) brille dans la société de la Restauration. Un tourbillon de fêtes, de musique et de séduction. Bientôt, un énième prétendant, le taciturne Armand de Montriveau (Guillaume Depardieu), tombe amoureux d’elle et prend ses désirs pour des réalités...
Notre avis : C’était un "poème", cette duchesse de Langeais (Jeanne Balibar). Le dernier mot de Ne touchez pas la hache avise non seulement de la psychologie de la fantasque Antoinette de Navarreins mais aussi de l’œuvre de Rivette, infatigable explorateur du cinéma.
Depuis Truffaut et Baisers volés, on sait les réalisateurs de la Nouvelle Vague toqués de Balzac. Delphine Seyrig y était l’épigone de Madame de Mortsauf, l’héroïne du Lys dans la vallée. C’est une autre voix du septième art qui "chante" le rôle de la duchesse de Langeais dans Ne touchez pas la hache. Balibar y compose un personnage de cantatrice plus qu’elle ne joue. Des salons cossus de la Restauration au couvent d’une île espagnole, elle prête son filet de voix aux atermoiements balzaciens.
Minaudeuse ? Inconstante ? Cruelle en amour ? Antoinette s’offre et se dérobe aux avances d’Armand de Montriveau (Guillaume Depardieu), sans rien lui promettre ou dissiper l’ambiguïté de ses attentes. Mais ce n’est pas qu’un jeu dans l’arène de l’amour. Mise au pied du mur, la duchesse de Langeais refuse de donner une réponse définitive à son rustre prétendant. Si elle s’offre à Armand, elle se déshonore. Si elle se refuse à lui, elle passe pour fantasque ou pire, cruelle. Quel parti alors adopter ? La physiologie balzacienne dissèque ainsi la condition féminine à une époque où la société codifie la liberté des femmes.
Sans minorer cette dimension, Rivette délaisse la peinture sociale pour la non consommation de l’amour. Montriveau sillonne le monde pour retrouver Antoinette. Mais lorsqu’elle est devant lui, offerte, il la dédaigne. Se donner à l’autre, répondre à la passion par la passion, voilà ce qui est au cœur de Ne touchez pas la hache. Comme dans La belle noiseuse où le modèle (Emmanuel Béart) cache sa nudité au peintre (Michel Piccoli) au moment où elle offre l’impudeur de sa nudité : son âme. Car toutes les héroïnes de Rivette le savent : le moi intérieur est la seule citadelle qui vaille.
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Norman06 24 avril 2009
Ne touchez pas la hache - la critique
Adaptation épurée de Balzac, cette œuvre lumineuse marque une certaine sérénité dans la filmographie de Rivette. Jeanne Balibar et Guillaume Depardieu forment un beau couple de cinéma. A l’instar du Rohmer de L’Anglaise et le Duc, ce cinéma est faussement classique et vraiment moderne par son jeu sur le dialogue et les ellipses. Utilisation originale des cartons, habituellement réservés au muet.